Dans cette interview, Sébastien, du Val-de-Marne, nous raconte son GR20 solo, réalisé du Nord au Sud en 10 jours mi-juillet 2021.
Bonjour Sébastien, peux-tu te présenter ?
Bonjour à tous, moi c’est Sébastien, j’ai 33 ans, je suis Juriste et j’habite dans le Val-de-Marne au sud de Paris. Rien à voir avec les montagnes 😉. Je suis passionné de sport et notamment de football, de running et depuis le GR20 de trek/trail bien challengeant.
Déjà expérimenté en randonnée ?
Depuis tout petit, je parcours l’été les montagnes de la vallée de l’Ubaye. J’avais arrêté pendant quelques années pour y revenir et reprendre par une magnifique randonnée il y a quelques années déjà, celle de la pointe d’Escreins, un petit sommet qui culmine à 3.038 mètres. Belle reprise, magnifique paysage.
Quid de ton GR20 : à quelle période, quel itinéraire ?
Alors, j’ai réalisé le GR20 du Nord au Sud, seul en 10 jours mi-juillet 2021. Un souvenir que je garderai toute ma vie.
De belles rencontres et de belles anecdotes de parcours à raconter en rentrant à tous mes amis. C’était difficile mentalement, surtout vers la fin mais au final, c’était vraiment du bonheur.
Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ? Une préparation spécifique ?
Les confinements successifs dans mon petit appartement m’ont donné l’envie de (re)voir de la nature. Un soir (en février ou mars 2021) surfant sur YouTube, je suis tombé sur ce traileur qui avait filmé son parcours de 5 jours sur le GR20, il passait par toutes les émotions. Je me suis dit : c’est ça que je veux vivre cet été !
J’ai aussi décidé d’y aller seul, parce que je voulais combiner le challenge Sportif et le challenge Psychologique. Malgré le fait que beaucoup de gens (non randonneurs pour certains) m’ont déconseillé d’y aller seul, j’ai tout de même pris mes billets début avril pour un départ mi-juillet. J’avais donc trois mois pour lire, m’informer, organiser mon GR, et challenger mon sac.
Concernant la préparation, je courais depuis 2 ans environ, 2 à 3 fois par semaines, avec à chaque fois des distances de 15 et 20 kilomètres. Je faisais aussi pas mal de cardio en salle de sport. Tout ça combiné au football depuis plusieurs années.
Quel équipement avais-tu emporté ?
Un ami m’a prêté un sac de 40 litres, qui a été amplement suffisant, car je comptais sur les refuges pour me nourrir et pour dormir (en tente). Ça m’a coûté un petit budget mais j’ai pu économiser du poids sur le sac et pour le GR20, chaque Kilo compte !
J’avais deux petites gourdes, une de 0,7 litre et une autre de 0,8 litre. J’avais donc besoin de gérer mon eau sur les étapes, mais ça n’a jamais été un soucis. Également, deux bâtons de marche que j’ai dû gérer sur l’ensemble du parcours et notamment pendant les moments d’escalade.
J’étais donc parti avec 3 caleçons, 3 tee-shirts, 3 paires de chaussettes (dont une pour la nuit, protégée particulièrement dans le sac – elles avaient leur petit sac congélation fermé particulier), un coupe-vent, un legging (pour la nuit), un pantalon de marche, un short de trail et deux petits pull (un pour la nuit). Pour ne pas subir la pluie, j’avais aussi la protection pour le sac, un poncho garantissant la couverture du sac de 40 litres et un pantalon anti-pluie acheté au dernier moment. L’ensemble des vêtements était intégré dans des sacs type congélation à fermeture en cas de pluie. Pratique connue chez les randonneurs 😉.
Le petit moment confort, c’était ce petit oreiller gonflable que j’ai réussi à caler dans le sac. J’avais des chaussures de trail neuves (je n’ai pas du tout tester mes chaussures de trail avant le départ). Elles étaient toute neuves pour monter dans l’avion. Aucun soucis vis-à-vis de cela sur la rando. A la fin du GR20, elles sont parties à la poubelle….
Côté nourriture, j’avais planifié trois barres céréales par jour de marche. J’en ai donc pris 30, de diverses marques et goûts différents. Je peux donc facilement faire un benchmark des meilleurs barres de céréales du marché 😊. Le reste, j’avais prévu de me rationner dans les refuges.
Au total, à l’aéroport, mon sac pesait environ 11 kg.
Avais-tu pensé à l’aspect Sécurité en préparant le GR20 ?
Oui, c’était l’une de mes préoccupations principales partant seul. Je m’étais renseigné sur le minimum à avoir en terme de sécurité sur une randonnée GR20.
Donc, achat d’une couverture de survie, d’un sifflet, qui comprenait une boussole au cas où. Il s’est avéré que le GR20 est extrêmement bien balisé, excepté certaines situations boisées ou la fatigue et le manque de lucidité peut venir vous faire perdre les balises. Quand on est seul, c’est une perte d’énergie importante de devoir revenir sur ses pas pour retrouver la dernière balise.
Concernant le reste, j’avais réalisé une trousse de soin optimisée avec notamment de l’anti-inflammatoire pour anticiper toutes les blessures pendant le parcours. Je faisais des soins aux articulations quasiment tous les soirs et je traitais mes ampoules.
Mon GR20 s’est extrêmement bien passé, au-delà de mes espérances, aucune blessure n’est venue ternir mon aventure. En revanche, effectivement, je me suis fait peur plusieurs fois sur le parcours, notamment sur les premières étapes du Nord avec des parcelles d’escalade qui peuvent, pour certaines personnes, être vertigineuses. En passant le nord, j’avais déjà considéré avoir dépassé certaines de mes limites.
Encore des névés sur le parcours ?
Oui, il en restait un mi-juillet et il me semble que c’était pour atteindre le refuge de Petra Piana.
Beaucoup d’appréhension pour le traverser, malgré le fait qu’un chemin été déjà tracé par les randonneurs. J’ai d’abord cherché à le contourner, puis je me suis dit qu’il serait plus simple de le passer directement. Je l’ai alors passé sans bâton, et c’était une grosse erreur car j’ai failli glisser. Lorsqu’il a fallu quitter le névé pour revenir sur le chemin, un petit delta de hauteur était présent.
Tes impression positives ?
Que du bonheur du début jusqu’à la fin.
Tout d’abord, j’ai vraiment été extrêmement surpris de la qualité du balisage sur le GR20. Partant seul, me perdre était l’une de mes plus grandes préoccupations. Finalement, je trouve qu’il est quasi impossible de se perdre, sauf peut-être par manque de lucidité ou de fatigue.
Le GR20 est extrêmement exigeant physiquement et la solidarité entre randonneurs est vraiment un point à souligner durant mon parcours. Le contact est facile, la solidarité présente. Pour la petite anecdote, sans m’en rendre compte, j’avais perdu l’une de mes gourdes dans les derniers mètres de la montée au sommet du Tighiettu, elle était retombée à une vingtaine de mètres plus bas, un couple de randonneurs a fait un petit effort supplémentaire pour aller la récupérer et me la ramener au sommet. Merci à eux !
J’ai rendu le service quelques jours plus tard en ramenant à un autre randonneur une serviette, sans savoir quand je l’ai récupérée ni à qui elle appartenait.
Le moment assez exceptionnel d’un randonneur me disant « Je crois que vous avez récupéré ma petite serviette, merci à vous » – en haut d’une crète – est assez unique.
Parfois, quand j’étais à bout de ma journée, assis pour une pause et je demandais aux quelques randonneurs faisant du Sud au Nord à combien de temps était le refuge, j’avais beaucoup de « Il n’est plus très loin », ou encore « Courage, tu y es bientôt, plus qu’un petit effort » … c’est tellement simple mais ça fait tellement de bien au moral.
Le GR20 nous fait passer par des paysages qui sont vraiment incroyables. Ils se méritent, mais ce sont des vues qui méritent d’être vécu.
J’ai été aussi agréablement surpris de voir, dans beaucoup de refuges, des toilettes écologiques.
Tes impressions négatives ?
Je me suis fait peur. Quand on randonne seul, une blessure et le GR20 peut vite devenir un cauchemar.
Plusieurs fois sur le GR20 et surtout sur les 4 premières étapes, j’ai eu des moments de petit stress/concentration pour aborder les difficultés ou les étapes d’alpinisme. Je ne m’attendais pas à ce niveau de difficulté et d’escalade. Mais en soi, c’était ce que j’étais venu chercher.
Ton plus grand coup de cœur ?
Alors, ce n’est pas tellement un coup de cœur mais plus une « anecdote coup de cœur du GR20 » : j’ai croisé au refuge d’E Capannelle une personne que je n’avais pas vu depuis au moins 15 ans. Sur Paris on ne se voyait plus et c’est lui qui m’a reconnu. Exceptionnel.
C’est par la modification de mon programme de randonnée en amont, dû au fait qu’il y avait des nuages au sommet du Tighiettu pour l’étape 4 m’empêchant de doubler l’étape 3 avec la 4 qui a fait que mon programme m’amenait à m’arrêter à ce refuge ce soir-là. La vie parfois… 😊
On va se reboire une binch bientôt sur Paris !
Etapes et refuges préférés ?
Mes deux refuges préférés, où je vous conseille absolument de vous arrêter :
- Petra Piana : les gardiens sont vraiment hyper sympa et vous pouvez avoir une barquette de frite et des Mister Freeze si vous avez trop chaud pour le mid, avant de repartir pour le prochain refuge 😉.
- Paliri, pour l’ambiance de fin de parcours. Ca a chanté / dansé, c’était super et ça clôturait parfaitement une superbe aventure.
Un message à passer ?
Oui, je souhaite évidemment remercier toutes les personnes que j’ai croisé durant ces 10 jours, peut-être qu’elles lieront ce témoignage :
- Que ce soit Julian d’Alsace, qui m’a aidé à passer pas mal de difficultés sur l’étape 2 (sans lui, je serai peut-être encore bloqué la haut avec mes bâtons).
- Le petit groupe de gars du 93 qui m’ont accompagné jusqu’au refuge de Ciottulu (il y avait aussi un Sébastien dans le lot – je doublais l’étape 4 et 5), merci vraiment à vous les gars elle n’était pas facile cette montée.
- Et puis bien sur Robin et Bertille qui ont rendu mon GR agréable (« Vont-ils réussir à doubler 😉 ? »).
- Bravo à Chou, pour ceux qui l’ont croisés aussi, qui a réussi à faire le GR seule en 9 jours « et en basket » 😉.
- Bien sûr, un grand merci à tous les randonneurs que j’ai pu croiser, ceux avec qui j’ai pu partager quelques discussions et ceux qui venaient du Sud, qui m’ont soutenu moralement en me disant que le refuge n’était plus très loin (Franchement …deux heures tu y es 😉 ». Je ne vous connais pas mais pour certains, je me souviendrai de vous !
Une astuce à partager ?
Je pense que ce qui m’a permis de finir sans blessures sur le GR20, c’est que je pratiquais des soins dans ma tente avant de dormir tous les soirs après la douche. J’appliquais un bon anti-inflammatoire sur l’ensemble de mes articulations (bras compris, parce que avec l’appui sur les bâtons et le stress, des tendinites peuvent apparaitre) et de la crème pour les muscles, cuisses et mollets.
D’autres conseils pour les lecteurs qui préparent le GR20 ?
Ayez confiance en vous et en votre projet sportif pour votre GR20 (seul ou en groupe).
Faites-vous votre propre expérience du parcours, mais ne soyez pas trop ambitieux sur votre organisation : elle peut évoluer en fonction de vos performances et du temps.
Si tu envisageais de refaire le GR20, changerais-tu quelque chose ?
Non, je ne changerai rien 😉.
Un grand merci Sébastien pour ton retour d’expérience ! Et chapeau, partir seul sur le GR20, demande un sacré courage ! Même si ensuite, les rencontres se font naturellement ! Ta rencontre-anecdote avec ton ancien ami de Paris m’a bien fait sourire, et tu connais d’ailleurs l’expression que illustre bien cette rencontre : « Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas » 😉
Merci encore Sébastien, reviens quand tu veux ! A bientôt.
Bonsoir Sébastien,
Bravo pour ce voyage sublime…
Mon rêve serait de partager ce voyage en traversant la Corse.
J aimerai en parler afin de partager cette belle expérience. Je vis en 78,
Je reste disponible.
Bien cordialement.
Jean Claude
Bonjour, avec mon cousin on va faire le GR20 le 14/06, le souci c’est que l’on a pas pu avoir de ferries pour Calvi, et donc nous arriverons à Bastia, le problème les transport sont tard, donc si quelqu’un part de Bastia pour Calvi le 14/06 vers les 7,30/8 h ce serait cool de nous emmener, bien sûr une compensation sera prévu! Dans l’attente impatiente d’une âme charitable ! Merci