Dans cette interview, Didier, du Pas-de-Calais, nous raconte sa randonnée GR20 en Corse, du Nord au Sud, en solo, en juillet 2020.
Bonjour Didier, peux-tu te présenter s’il te plait ?
Bonjour à tous ! Je suis Didier, j’ai 57 ans. J’habite le Pas-de-Calais, à côté de LENS.
Je suis passionné de sport et l’ai toujours pratiqué. Hand Ball, tennis, et aujourd’hui, badminton en loisir ! J’ai un peu voyagé mais rarement dans un environnement montagne.
Déjà expérimenté en randonnée ?
Non, pas du tout ! Ce GR20 est ma première grande randonnée et ma première randonnée tout court !
Vous l’aurez compris, je ne suis pas du tout un spécialiste du trek. Ma seule expérience de la randonnée en montagne date de mon service militaire dans les Alpes, mais c’était en 1986 !
Quid de ton GR20 : à quelle période, quel itinéraire ?
Je suis parti seul le 20 juillet 2020 (cela m’a semblait être une bonne date pour démarrer le GR20 !!) de Calenzana donc dans le sens Nord-Sud. J’avais choisi de louer les tentes sur place et de prendre les repas du soir dans les refuges ou les bergeries.
J’ai réalisé le parcours en 15 jours en essayant de coller, au plus près, du parcours originel.
Je souhaitais profiter un maximum des paysages, prendre le temps et surtout jouer la prudence.
Et puis, je voulais fixer cette expérience sur pellicule, pour le souvenir, bien sûr, mais aussi pour la partager et peut être aider les futurs randonneurs à renforcer leur compréhension de ce qu’est le GR20.
Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ? Une préparation spécifique ?
D’abord, c’est un défi personnel. Être seul face à la montagne, face aux éléments naturels, c’est incroyable.
Mon fils ainé Alexandre, a réalisé le GR20 Sud-Nord en juin 2019 avec un ami. Il a fait murir une graine qui était plantée en moi depuis longtemps et à son retour, ma décision était prise, je ferai le GR20 en 2020.
La préparation était indispensable en ce qui me concerne, tant sur le plan physique qu’organisationnel. Evidemment, j’ai profité de l’expérience et des conseils d’Alexandre. Je souhaitais maitriser le maximum d’éléments avant de partir, ce qui m’a permis d’éviter beaucoup de surprises sur place.
Ma préparation physique a consisté essentiellement à cumuler le dénivelé D+ D- avec le sac à dos lesté et les bâtons, deux fois par semaine durant 4 mois. L’objectif était le renforcement musculaire mais surtout de gagner en endurance. Et je dois dire que cela m’a bien aidé !
Comment faire du dénivelé dans le Pas-deCalais, me direz-vous ? Simplement en profitant des montagnes de notre région : Les terrils ! (Voir la vidéo ci-dessous).
Quel équipement avais-tu emporté ?
Je suis parti avec un sac de marque Deuter 50+10 qui pesait, au départ 13,7kg avec 3 litres d’eau. C’est lourd ! Mais, d’une part, j’avais prévu, un peu de nourriture pour les premiers jours et d’autre part, je souhaitais filmer, donc GoPro + batteries+ chargeur = poids supplémentaire !
Des chaussures Midd de chez Merrel. Super ! Des pantoufles ! Aucun regret de ce côté-là, bien qu’un peu légère au niveau de la semelle, dans les grosses descentes de la partie nord.
Des bâtons, indispensables selon moi. Un CamelBak de 3L + 1 petite bouteille d’1/2 litre, bien pratique dans la poche extérieure du sac. Un duvet Millet 5°C. Une mini trousse de toilette et de sécurité, lampe frontale, TopoGuide, casquette, lunettes de soleil, doudoune, coupe-vent, polaire légère, tong, casquette, short, maillot de bain, pantalon zippé, 2 paires de chaussettes, 2 caleçons, 2 tee-shorts + 1 manche longue et 1 rouleau de papier toilette !!
Avais-tu pensé à l’aspect Sécurité en préparant le GR20 ?
Oui bien sûr. J’avais prévu chevillière légère (j’ai une cheville sensible) et genouillère qui m’ont été utiles. Des cachets de Doliprane, des cachets antidiarrhéique, des Compeed pour les ampoules (j’ai eu la chance de n’en avoir qu’une, sur le côté du pouce, due au frottement répétitif contre le granite), strap et baume du tigre.
Je m’étais aussi muni par mesure de sécurité d’un sifflet et d’une couverture de survie qui, fort heureusement, ne m’ont pas servi.
Quelles étaient les mesures sanitaires à respecter liées au COVID-19 ?
En théorie, des mesures ont été prises par le PNRC au sein des refuges. Dans la pratique, sincèrement, j’ai oublié la pandémie pendant 15 jours !
Quelles sont tes impressions globales ?
Le GR20, c’est dur et puis c’est tout !
Plus sérieusement, c’est une aventure magique, inoubliable. Ce n’est pas la petite randonnée du dimanche, cela demande de la préparation. C’est une vraie épreuve d’endurance de longue distance. Il faut considérer que le GR20 dure 15 jours (ou moins pour d’autres) mais aussi 15 nuits sous la tente et pour moi, ça a compté. Mes nuits ont été plutôt courtes et agitées et forcément cela ajoute de la difficulté.
Par chance, j’ai eu une météo parfaite. Je suis parti en solo mais au final j’ai rarement été seul.
Je considère que c’est bien la randonnée la plus dure d’Europe (Je peux le dire, c’est la seule que j’ai faite !).
Impressions positives :
Le dépassement de soi. C’est un vrai challenge. Le risque (mesuré), les rencontres avec les autres randonneurs.
Et aussi, l’exceptionnelle beauté de la montagne Corse et le silence.
Impressions négatives :
Le retour à la civilisation à Vizzavona ou à Bavella. C’est un choc ! Qui sont tous ces gens qui ne sourient pas et qui ne disent pas bonjour !?
Ton plus grand coup de cœur ?
Le GR20 de Calenzana à Conca !!
Etapes et refuges préférés ?
La bergerie de Ballone pour l’accueil et le repas.
Il m’est impossible de mettre en avant une étape tant elles sont toutes fabuleuses. Chaque jour est une nouvelle aventure par son terrain et par la diversité des paysages. En revanche, je garde en tête 4 instants précis (parmi plein d’autres !) :
- Une heure après le départ de Calenzana, le bonheur d’être enfin sur le GR20.
- L’arrivée au sommet de la pointe des éboulis, la fierté.
- Un décor paradisiaque avant la montée vers l’Incudine, une image de bande dessinée avec rivière, fleurs de toutes les couleurs, papillons et herbe grasse, l’extase.
- L’arrivée à Conca, une émotion intense, les larmes aux yeux.
Une astuce que tu pourrais partager ?
La petite bouteille d’eau qui permet de se ravitailler en eau fraiche lorsque l’on croise une source sans avoir à sortir le CamelBak.
Au refuge, le chemin vers les douches ou la source peut être éloigné voir escarpé alors plutôt que des tongs, privilégiez des sandales avec attaches.
D’autres conseils pour les lecteurs qui préparent le GR20 ?
Je ne vais pas être original mais le premier conseil que je donnerai est d’optimiser le sac au maximum. Porter le plus léger possible mais sans se priver des choses indispensables.
Bien se préparer physiquement, avant de partir. Regardez des vidéos, prendre le maximum d’information.
De la prudence et encore de la prudence. Ne vous surestimez pas. Et surtout, quand on vous dit : Oh regarde !! Arrêtez-vous de marcher avant de regarder ! Ça évite les mauvaises surprises !!
Si tu envisageais de refaire le GR20, changerais-tu quelque chose ?
La prochaine fois, pour varier les plaisirs, je m’arrêterai à la bergerie de Vaccaghja. Je prendrai la variante de Petra Piana à Onda et je tenterai la bergerie d’I Croci.
Et surtout, je ne tenterai plus les repas lyophilisés. Le repas lyophilisé n’est pas mon ami !
Envie de rajouter quelque chose ?
Quel que soit votre âge, si vous êtes en bonne condition physique sans être pour autant sportif ou sportive de haut niveau, que l’aventure vous tente mais que vous vous posez la question de savoir si vous en êtes capables, et bien n’hésitez pas, lancez-vous !
Réalisez ce rêve à votre rythme, avec prudence et en profitant de chaque instant.
Je partage cette aventure en vidéo 4K ici : « Le GR20 comme dans un rêve » :
Un grand merci Didier pour ton retour d’expérience ! Je te site : « profiter un maximum des paysages, prendre le temps et surtout jouer la prudence ». Tout est dit ici Didier, c’est ça le charme du GR20. En découle bien évidemment les rencontres ! Encore Merci Didier, à bientôt en Corse !
What a beautiful film! Very moved by your journey through this incredible landscape. Thank you!