Titouan nous raconte son GR20, réalisé en juin 2019 avec son ami Lucas, en 10 jours, du nord au sud, de Calenzana jusqu’à Conca. Vidéo en fin d’interview !
Bonjour Titouan, peux-tu te présenter s’il te plait ?
Je m’appelle Titouan Le Roux et j’ai 23 ans. J’ai grandi en région parisienne et habite maintenant depuis quelques années en Bretagne, dans le Finistère sud. Je suis actuellement étudiant-athlète aux États-Unis où je poursuis une licence en Communication/Production des Médias tout en jouant au football pour l’équipe universitaire. Je suis un passionné de photographie et des activités en plein air, particulièrement la randonnée.
Déjà expérimenté en randonnée ?
Bien qu’étant un athlète depuis de nombreuses années maintenant, la pratique de la randonnée sur plusieurs jours était nouvelle pour moi. Néanmoins, j’étais impatient de pouvoir enfin débuter.
Peux-tu nous conseiller quelques randonnées ?
En Bretagne où j’habite actuellement, vous trouverez le fameux GR34 (ou Sentier des Douaniers) qui offre de magnifiques paysages le long des côtes bretonnes jusqu’au Mont Saint-Michel. J’ai parcouru quelques sections de ce chemin lors de ma préparation pour le GR20.
Pour ceux qui n’ont pas peur de prendre l’avion et voyager loin de chez soi, les États-Unis (où j’étudie actuellement) offrent une multitude de chemins de randonnée. On y trouve notamment l’incontournable Pacific Crest Trail qui parcourt l’intégralité de la côte ouest américaine en partant de la frontière mexicaine au sud de la Californie jusqu’à la frontière canadienne au nord de l’État de Washington, en passant par l’Oregon. C’est l’un de mes rêves et objectifs de pouvoir un jour parcourir ce chemin.
Quid de ton GR20 : A quelle période, quel itinéraire ?
Mon ami Lucas et moi sommes arrivés le 12 Juin via ferry sur l’île de Beauté avec pour but de partir le 13 Juin depuis Calenzana direction Sud. Nous terminerons l’ensemble du parcours à Conca en seulement 10 jours. La période que nous avons choisie s’est avérée parfaite puisque le trail n’était pas du tout surpeuplé et la météo a été de notre côté durant l’ensemble de notre aventure.
Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ? Une préparation spécifique ?
Cela a été une décision très spontanée ! Je me souviens d’un soir d’hiver où Lucas et moi fantasmions sur les paysages ouverts des États-Unis et les chemins de randonnée les parcourant. Lorsque nous avons décidé après cela que nous commencerions la randonnée, le GR20 nous est venu à l’esprit naturellement. Nous nous sommes donc dit que nous le ferions quelques mois plus tard, durant nos vacances d’été qui s’étendent de Mai à Juillet. Cela nous laissait donc un mois après être rentré en France pour tout préparer et réserver le train et le ferry.
Quel équipement avais-tu emporté ?
J’étais complètement autonome, ce qui veut dire que j’avais emporté avec moi tout le nécessaire pour “survivre” sans aide extérieure. Du coup, il était important de n’emporter vraiment que le nécessaire car ce qu’on emmène, on le porte sur le dos.
J’avais un sac Decathlon 50L (qui pesait environ 16 kg si mes souvenirs sont bons) contenant:
- Tente Forclaz Trek 900
- Sac de couchage Forclaz Trek 900
- Tapis de sol Thermarest
- Oreiller gonflable
- Réchaud et popote
- Bonbonne de gaz
- Deux bouteilles d’eau (1L chacune)
- Filtre à eau Sawyer
- Plats lyophilisés de chez Decathlon
- Barres de céréales énergétiques
- Matériel de photographie
- Matériel de toilettes
- Trousse de soins
- Veste et pull
- Bonnet (pour les nuits en altitude)
Mes chaussures étaient de la marque Salomon. Elles étaient solides et ont tenu tout le chemin malgré un nombre incalculable de penaltys (pour la plupart involontaires) dans les pierres.
Concernant la nourriture, bien qu’ayant emporté des plats lyophilisés, nous ne pouvions pas passer à côté du délicieux saucisson et fromage Corse. Et sans oublier la Pietra pour se rincer le palet entre les bouchées gourmandes !
Avais-tu pensé à l’aspect Sécurité en préparant le GR20 ?
Pour être honnête, nous n’avions pas vraiment pensé à l’aspect sécurité. Nous avons plutôt foncé tête baissée dans ce projet comme deux jeunes insouciants que nous sommes. Au final, tout s’est déroulé sans aucun souci ! De plus, ma légère peur du vide a rendu l’expérience encore plus excitante !
Encore des névés sur le parcours ?
Il y avait encore quelques névés sur le parcours, mais elles n’étaient pas importantes au point de nous inquiéter.
Tes impressions positives ?
Je garde de très beaux souvenirs du GR20, notamment la beauté de ses paysages, allant de haute montagne à forestier.
Je me souviens de la communauté des randonneurs avec qui on passait les journées à souffrir ensemble, et les soirées à en rigoler autour d’un bon repas et d’une Pietra.
Le GR20 est une expérience qui vous fait prendre conscience de la complexité et superficialité du monde dans lequel on vit, et vous rappelle à la simplicité en vous exposant à des éléments fondamentaux de la quête pour un sentiment de plénitude : la nature, les animaux sauvages, les vraies relations humaines. Pas de téléphone. Pas de miroir pour se demander à quoi l’on ressemble (de toute façon, tout le monde s’en fiche). Tout le monde est au même niveau et tout le monde est soi-même. Tout est pure et simple.
Des impressions négatives ?
Aucune. Ah si, les moustiques…
Ton plus grand coup de cœur ?
Il y en a eu des coups de cœur… mais la beauté du paysage et la communauté des randonneurs sont les choses qui me manquent le plus lorsque je repense à notre expérience.
Étapes et refuges préférés ?
Mes refuges préférés comportent le refuge de Carrozzu car il était situé dans la forêt, avec une vue magnifique sur les montagnes au loin. C’est aussi là que nous avons fait plus ample connaissance avec la plupart de nos amis.
La station d’Ascu Stagnu était un très bon souvenir également : c’est ici que nous avons dîné (et bien bu) tous ensemble à l’auberge avant de se séparer le lendemain car c’est là que l’on “doublerait” l’étape. Mentions spéciales : Manganu, Vizzavona (pour les gardiens du refuge, père et fils), l’Onda (pour le confort de dormir sur la pelouse épaisse… et aussi les retrouvailles avec le couple de Bellegarde !).
Il est difficile de choisir puisque chaque étape est magnifique et à sa particularité. J’ai bien aimé : de Ciottulu di i Mori à Manganu, pour sa faune et sa flore très diverse.
De Petra Piana à l’Onda (par la vallée), avec une grande partie de l’étape dans la forêt et un passage par une bergerie où j’ai pu savourer une délicieuse assiette charcutière pour finir l’étape avec de l’énergie. Et enfin, de Vizzavona au relais San Petru di Verde puisque c’est durant cette étape où j’ai pu vraiment apprendre à connaître Flo, Ingrid et Emilie, mes compagnons du jour.
Un message de remerciement ?
Un grand Merci aux gardiens de gîtes pour leur accueil chaleureux et conseils utiles, à l’association du GR20 qui maintient la beauté et sécurité de ce magnifique trail, et à Lucas pour gérer mes incessantes demandes pour une pause (juste 5 minutes et on repart).
Un objet ou astuce, que tu pourrais partager ?
Emmenez des tongs pour laisser vos pieds respirer à la fin d’une longue journée de marche !
Ne soyez pas frisquet et allez tremper vos pâtes dans l’eau fraîche des montagnes. C’est de la cryothérapie naturelle !
J’ai aussi emmené un stick Biofreeze avec un effet analgésique du tonnerre. Florian (“Flo”) pourra en attester (si jamais il lit cet article).
Un autre conseil pour nos lecteurs qui préparent le GR20 ?
Vous allez en baver, mais cela en vaut largement la peine ! Comme disait Jack Kerouac : “à la fin, vous ne vous souviendrez pas des heures passées à travailler dans votre bureau ou à tondre votre gazon. Allez grimper cette maudite montagne !”
Si tu envisageais de refaire le GR20, changerais-tu quelque chose ?
Si je devais refaire le GR20 (ce qui sera probablement le cas), je modifierais deux choses : la durée et l’équipement.
La prochaine fois, je le ferai en 14 jours. Je veux vraiment prendre mon temps et apprécier le paysage et la communauté des randonneurs. La plupart du groupe avec qui nous nous étions liés d’amitié faisait une étape par jour, ce qui a donné lieu à un triste au revoir après seulement 4 étapes (je conseille aussi de prendre des photos de groupe pour vos livres souvenir).
En ce qui concerne mon équipement, je modifierai certains items dont mon sac (que j’ai d’ailleurs déjà changé) afin de réduire le poids de mon sac à dos.
Envie de rajouter quelque chose ?
Je voudrais passer le bonjour à : Marine la Journaliste Suisse, aux deux Allemands Daniel et Stefan, et Jack le Londonien (avec qui nous avons marché et dîné à l’auberge de Astu), au couple de Bellegarde que nous avions retrouvé à l’Onda après les avoir quitté à Vizzavona, à Flo, Emilie et Ingrid avec qui j’ai marché et souffert des genoux, à Fred l’ostéo atypique, aux trois gars ultralight avec qui j’ai discuté de l’A.J. Auxerre et du foot en général dans la rivière fraîche de Manganu, et enfin à Lucas mon compatriote de route sans qui cette expérience n’aurait pas été la même. Je finirai avec cette phrase de Christopher McCandless: “Le bonheur n’est réel que s’il est partagé.”
C’est très vrai, merci beaucoup Titouan pour ton interview qui donne vraiment envie d’y retourner ! Donc on l’a bien compris, on s’y revoit dans quelques années 😉 avec les 2 améliorations « durée » et « matériel ». Bonne fin d’études aux US et tout le meilleur pour ta carrière d’athlète !
Place à ta vidéo maintenant, rien de mieux que les images pour illustrer :
Merci encore Titouan, à bientôt sur le GR20 !