Bonjour Laurent, peux-tu te présenter à nos lecteurs stp ?
Bonjour, je suis Laurent, j’ai 31 ans, ingénieur informatique à Toulouse et j’ai commencé à penser à faire le GR20 en décembre 2016. Quelques semaines plus tard j’ai proposé à un ami de longue date, Louis, de le faire avec moi. Randonneur aguerri, il a accepté volontiers. Voilà comment est né le projet.
As-tu déjà une expérience de la randonnée ?
Oui mais pas si grande que ça. A Toulouse on est assez proche des Pyrénées donc j’y fais de temps en temps des randos à la journée :
- Un tour de lac par exemple Lac d’Ôo – Lac de Espingo – Lac de Saussat – Lac du portillon : 21 km – 1.550 d+
- Le pic du midi : 14 km – 800 d+
J’y pratique également le trail :
- Luchon aneto trail : 45 Km – 2.800 d+
- Marathon du Montcalm : 42.5 km – 2580 d+
Et puis j’ai eu fait des randonnées dans le cadre de mes voyages ; aux Etats-Unis dans les parcs nationaux américains :
- Zion (Angel landing trail – observation point trail)
- Yosemite (Yosemite high fall trail)
A La Réunion :
- Mafate GRR3 : 41 km – 3.000 d+ en 3 jours
- Piton des neiges 15.5 km – 1.700 d+
- Piton de la fournaise 11 km – 500 d+
Voila, donc au final, j’ai eu la chance de voir des beaux lieux en randonnée mais je n’avais pas une grosse expérience et ça s’est vu notamment sur mes choix de sac / chaussures.
Peux-tu nous conseiller quelques randonnées à faire dans ta région ?
Voir réponse question précédente. Les photos sont sur mon compte Instagram 🙂 @lfauret
Quid de votre GR20 ? Quelle période, quel sens, quelles étapes ?
Louis et moi avons fait le fait le GR20 du 13 au 22 mai 2017. On l’a réalisé dans le sens nord sud avec le découpage suivant :
- Jour 1 : Calenzana – Carrozu (doublé)
- Jour 2 : Carrozu – Asco stagnu
- Jour 3 : Asco stagnu – Tighjettu
- Jour 4 : Tighjettu – Manganu (doublé)
- Jour 5 : Manganu – Onda (doublé)
- Jour 6 : Onda – Capanelle (doublé)
- Jour 7 : Capanelle – Prati
- Jour 8 : Prati – i croci (doublé)
- Jour 9 : i croci – Paliri (doublé)
- Jour 10 : Paliri – Conca
Quel était le contexte de vouloir faire le GR20 ? Une préparation spécifique ?
Lors d’un voyage, j’aime partager le temps entre découvrir les villes et points touristiques mais aussi voir ce que la nature offre. Et j’aime bien les défis. Du coup l’idée était la suivante : prendre 3 semaines, faire le GR20 et remonter par la cote Ouest.
La première préparation a été de se renseigner sur le parcours. Acheter le guide officiel, faire éditer les cartes IGN. On savait qu’il ne fallait pas prendre à la légère le GR20. Nous savions que nous devions l’aborder en autonomie totale donc il y a eu un gros travail pour que ce GR20 se passe du mieux possible.
Physiquement, nous n’avons pas fait d’entraînement supplémentaire pour le GR20. Nous courrons tous les 2 et nous faisons également pas mal de renforcement musculaire. Cela nous aura été très utile pour le GR20.
Quel matériel avais-tu emporté ?
Nous voulions nous limiter à 16 kg chacun, nous n’avons pas réussi et nous sommes partis avec 20 kg chacun sur le dos.
Nous étions en autonomie complète. Sachant que nous pouvions nous ravitailler à quelques endroits, nous nous sommes limités à 6 jours de nourriture dans le sac + petits déjeuners (pain complet, miel, café, pain d’épice) + des sachets de soupe pour le soir + 1 saucisson + 1 tome de brebis 🙂 Nous avons opté pour de la nourriture lyophilisée et un réchaud à gaz. Nous avions également pris quelques fruits secs / barres de céréales pour les pauses de 10h et 16h.
Pour l’eau, nous avions lu sur certains forums que l’on pouvait manquer d’eau à certains endroits. Le fait est que pour le mois de mai, cela est faux. Du coup, nous avions prévu large : j’avais 4 gourdes de 75cl + une poche à eau d’un litre si besoin (elle n’a pas servi) et Louis une bouteille d’1,5L. Ce qui fait que nous pouvions avoir 5,5L au max. Nous avions également prévu les pastilles purificatrices.
Pour la partie vestimentaire, il a fallu aussi se limiter. Voila la liste : 2 tee-shirts (1 pour le GR20 et un pour après) – un tee-shirt thermique pour la nuit – une polaire – un coupe vent – 3 boxers – 3 paires de chaussettes – un collant – un pantalon transformable en short – un tour de cou – une cagoule – une paire de gants.
Pour les chaussures, Louis avait opté pour des chaussures de rando et même s’il a eu 1 ou 2 ampoules, il en a été content. Pour ma part mauvais pari ; j’ai pensé que ça passerait avec mes chaussures de trail… cependant, le parcours du GR20 est très technique et ce n’était pas une bonne idée. Résultat : beaucoup d’ampoules et de douleurs aux pieds.
Tout ce qui est cité ci-dessus plus le matériel (sac de couchage / sac à viande / matelas gonflable / couverture de survie / piolet / crampons / claquettes…) a été pesé avant le départ et contenu dans nos sacs. Alors là, on a le choix ; Louis avait un super sac 75L + 20L bien équilibré et perso je n’avais pas un sac de bonne qualité. Sac Trespass Trek 66 litres, et il m’a fait galérer. Les deux anses ont lâché dès le 4ième jour.
Bref, il est important d’avoir un très bon sac et de très bonnes chaussures pour faire le GR20.
Quid de l’enneigement en cette deuxième quinzaine de mai ?
Nous nous étions bien renseignés avant de faire le GR20. Nous avions eu de bons renseignements / conseils via Altre Cime et même votre page. Cela nous a permis de prévoir le matériel nécessaire pour passer les étapes suivantes qui étaient enneigées :
- Jour 2 : Carrozu – Asco Stagnu
- Jour 3 : Asco Stagnu – Tighjettu
- Jour 5 : Manganu – Onda (doublé)
- Jour 9 : i croci – Paliri (doublé)
Difficile de déterminer l’épaisseur, mais tout le monde disait bien que sans équipement les étapes Asco Stagnu – Tighjettu et Manganu – Onda ne passaient pas.
Je ne vous cache pas que j’appréhendais. A Asco, les gardiens nous ont très bien renseignés, rassurés ; en prenant le temps et restant concentré, c’est passé sans soucis. Les marques n’étaient pas toujours visibles, soit nous nous repérions via les traces présentes, soit j’activais l’itinéraire GPS que j’avais sur ma montre.
Crampons et piolet ont été utilisés, par contre la corde ne nous a pas été utile.
Les refuges étaient déjà gardés ? Des randonneurs en chemin ?
Oui, des gardiens étaient présents à Asco / Tighjettu / Capanelle / i Croci / Paliri. Il y avait quelques personnes qui faisaient aussi la totalité du GR20.
En tout cas, nous sommes très contents de l’accueil de tous les gardiens croisés lors de ce GR20.
Tes étapes préférées ?
Difficile de classer les étapes : elles ont toutes leur charme, mais si je devais en choisir une je dirais Manganu – Onda : le paysage m’a vraiment scotché.
Tes impressions, positives ?
J’aime bien l’idée de se dépasser pour aller chercher un point de vue merveilleux. Et on aura été gâté avec le GR20. Des moments ont été difficiles, surtout avec la neige encore bien présente, mais on en aura pris plein les yeux. On a eu une chance extraordinaire.
L’accueil et la gentillesse des gardiens présents lors du GR20, on ne lit pas que du bien sur internet ; les gens le disent quand ils ne sont pas content et pas l’inverse, alors il faut le remonter : on a été très bien reçu !
L’échange avec les autres personnes faisant le GR20 : quelque soit la langue parlée, on arrivait toujours à passer un moment sympa.
La météo : 10 goûtes de pluie sur les 9,5 jours… on a été très chanceux.
Impressions … négatives ?
Je dirai plus « axe d’amélioration » :
- Les toilettes sèches, fermées à clé dans certains refuges non gardés.
- Nous n’avons pas été d’accord avec Louis, mais je pense que le marquage était un peu manquant par moment.
- Certains endroits mériteraient peut être l’installation d’une chaîne pour sécuriser le passage. Mais je vais être contradictoire en disant qu’il est agréable de marcher dans un lieu ou la patte de l’homme est minime.
- Trop de cailloux sur les chemins 🙂 Je blague bien sûr.
Ton coup de cœur dans ce GR20 ?
Clairement, la déconnexion du monde que cela apporte. On capte juste assez de réseau pour donner un signe de vie à ses proches. Mais ça fait un bien fou d’être déconnecté de tout.
Le retour à la réalité, une fois que l’on a grimpé dans une navette pour rejoindre Porto-Vecchio on entant les klaxons – le bruit – des gens qui râlent et le soir, attentat à Manchester et on se dit : « Putain » qu’est-ce que nous étions bien dans ces montagnes !
Un message à faire passer ?
Le seul message à faire passer est à mon pote Louis : ça fait 14 ans que l’on se connaît et nous n’avions jamais tenté de vacances communes et pour une première, c’était très réussi. Et lors du GR20, il m’a bien aidé à passer certaines difficultés ! Du coup, grand merci à lui pour cette super aventure !
Quels autres conseils tu pourrais partager avec nos lecteurs qui préparent le GR20 en mai ?
J’ai fait des erreurs sur l’équipement, donc j’espère que mon expérience servira à d’autres.
Et puis surtout, bien se renseigner auprès des locaux et professionnels. J’ai été étonné du nombre de personnes apprenant que crampons et piolet étaient obligatoires alors qu’ils avaient commencé. Un GR20 ça se prépare 🙂 en tout cas, ça m’a fait gagner en expérience !
Si c’était à refaire, changerais-tu quelque chose ?
Pour rester logique mon sac et mes chaussures 🙂 et si j’avais à le refaire, ça serait de nouveau hors saison, beaucoup disent que le GR20, c’est l’autoroute en juillet / août… je n’imagine pas un instant le faire avec énormément de monde.
Envie de rajouter quelque chose ?
Un merci à tous ceux qui nous ont aidés / renseignés.
Sinon, je crois qu’on a fait le tour, les photos sont sur mon compte Instagram – N’hésitez pas à me demander s’il faut des infos complémentaires 🙂
Le message est passé 😉 Un grand merci Laurent pour ton retour d’expérience !