Louise Sistiaga – Férue de randonnée – GR20 en juin 2017

Bonjour Louise, peux-tu te présenter stp ?

Il y a un an, j’étais encore étudiante en Ecole de Commerce. Alors que j’avais quatre mois de libre entre la fin de mon stage et mon échange en Université partenaire, j’ai décidé de parcourir à pied la Nouvelle Zélande. C’est ainsi que j’ai parcouru 2 000 km le long de Te Araroa. Un trail qui parcourt les deux îles, de la pointe nord à la pointe sud.

Je vais avoir 27 ans et je suis aujourd’hui certaine d’une chose : les grandes randonnées feront partie intégrante de ma vie. Ce premier voyage en Nouvelle Zélande a été une découverte. La réalisation du GR20, une confirmation.

Avant de parcourir les grands trails du monde, je compte partir à l’assaut des différents GR de France.

Avais-tu une première expérience de la randonnée ?

Te Araroa Trail a été ma première randonnée. En deux mois et demi, j’ai parcouru 2 000 km. Je suis partie d’Hamilton pour rejoindre Queenstown. L’erreur de débutant est de partir avec un sac trop chargé et je n’ai pas dérogé à la règle. C’est donc avec 25 kg sur le dos que j’ai pu découvrir avec fascination les différents paysages de la Nouvelle-Zélande. La principale difficulté que j’ai rencontrée là-bas était la traversée des rivières (qui faisaient parfois plus de 25 m de long et dont le courant était très fort). Il a fallu faire face à des conditions climatiques extrêmes (j’ai vécu les 4 saisons en une journée et suis restée bloquée dans une hutte trois jours à cause de la neige).

Il n’y a pas de refuge gardé là-bas, il faut donc bien gérer sa logistique pour ne pas se retrouver à court de nourriture en plein milieu de la montagne quand le prochain village est à 15 jours de marche.

Quid de ton GR20 ? Quelle période et quel sens ?

J’ai commencé le GR20 le 8 juin. Je suis partie seule avec mon sac mais espérais rencontrer d’autres randonneurs avec qui voyager. C’est au refuge d’Ascu Stagnu que je rencontrai mes futurs compagnons de marche. Ce fut une très belle rencontre, qui nous conduira ensemble sur d’autres sentiers.

Louise et ses amis randonneurs
Louise et ses amis randonneurs

Je suis partie de Galéria et j’ai rejoint le GR20 via le Mare e Monti qui m’a conduit à Carrozu. J’ai marché jusqu’à Quenza où j’ai bifurqué sur le Mare a Mare pour rejoindre Propriano. J’ai donc réalisé le GR20 du Nord au Sud.

GR20 : Nature, Faune et Flore
GR20 : Nature, Faune et Flore

Quel était le contexte de vouloir faire le GR20 ? Une préparation spécifique ?

Je suis venue en Corse pour y faire une saison de juillet à septembre sur Galéria. J’ai décidé de venir un mois plus tôt pour pouvoir réaliser le GR20. Je venais de rentrer de Nouvelle-Zélande, je n’ai donc pas suivi d’entraînement particulier. J’avais besoin de faire un GR pour confirmer ce nouveau besoin d’avaler des kilomètres, de gravir des sommets, de me sentir grisée par des paysages à couper le souffle, de faire partie de cette communauté de randonneurs qui a compris que les choses les plus simples suffisent à combler une vie. J’ai réservé mes billets mi-mai et suis arrivée sur l’ Île de Beauté le 29 mai.

Quel matériel as-tu emporté ?

Je suis partie en Nouvelle Zélande avec un sac Quechua. Je pense que ça a été ma plus grosse erreur. Dès mon retour en France, je l’ai troqué contre un Osprey 70L. Certes son poids à vide est conséquent mais il est très ergonome.

Côté duvet, je dors dans un Deuter (température de confort -3) pour le moment j’en suis ravie.

Mes chaussures sont des Alpine Pro. Alors que la première paire que j’avais en Nouvelle Zélande a été parfaite, le nouveau modèle que j’ai pris pour la GR20 m’a causé quelques soucis d’ampoules… mais avec du strap j’ai pu marcher à peu près sans douleurs.

Ampoules aux pieds - GR20
Ampoules aux pieds – GR20

J’aime voyager en autonomie. J’avais donc 15 jours de nourriture avec moi (café au lait et flocons d’avoine le matin, purée et boite de thon/poulet le midi, soupe le soir et des barres pour la journée), ainsi qu’un camelbak et une grande bouteille d’eau (je buvais en moyenne 4L d’eau par jour). Je ne vous cache pas que je n’ai pas résisté longtemps à l’appel du saucisson et du pain dans certains refuges !

Restait-il encore de la neige à la mi-juin ?

Il y avait encore des névés sur l’étape après Ascu Stagnu. Comme je n’avais pas de crampon et que je n’avais encore jamais marché dans la neige, j’ai préféré prendre la navette qui m’a conduite à Calasima.

Passage d'un névé - GR20 - Mois de juin
Passage d’un névé – GR20 – Mois de juin

On a par la suite été amené à traverser des portions de neige, mais rien de bien inquiétant. Les chaussures accrochaient bien et les dénivelés n’étaient pas très importants.

Par contre, on a décidé de prendre la variante qui nous a conduit à Vizzavone. Après avoir atteint le sommet, on a descendu une pente très raide complètement enneigée. Impossible de marcher sur la neige de peur de glisser… On a passé 1H30 à faire 300m. Une horreur.

Tes impressions positives :

J’ai été très agréablement surprise de voir que tous les refuges étaient équipés de réchauds et de douche pour les bivouacs. Ça apporte un certain confort et réconfort. J’aime cet esprit communautaire que l’on retrouve entre randonneurs. J’ai été très chanceuse avec la météo. Pas une once de pluie pendant tout mon périple. Que du ciel bleu à perte de vue.

Lac de Nino - GR20 - Corse
Lac de Nino – GR20 – Corse

Des impressions négatives ?

Certaines personnes ne font pas attention à leurs mégots de cigarettes et à leurs déchets que l’on retrouve sur les sentiers. C’est triste de voir que l’être humain, même dans ces conditions-là, arrivent à laisser une trace (pas très propre) sur son passage…

Quel a été ton plus gros coup de cœur ?

Sans hésiter, je dois vous avouer que la variante après le refuge d’E Capanelle (direction NS) a été un moment fort en émotion. Ce lac qui vous tombe dessus sans qu’on s’y attende est une pure merveille. Vient ensuite cette vue à 360° au sommet du Mont Renoso et cette marche sur ce sentier rocailleux qui me rappelait la Nouvelle Zélande. Tout était là !

Fin de journée sur le GR20
Fin de journée sur le GR20

Un coup de gueule à passer ?

Certaines personnes font leurs excréments à 2m du sentier, en laissant le papier toilettes bien en évidence. Pensez à ceux qui passent derrière vous…

Ton étape préférée ?

Alors qu’on était en pleine ascension pour rejoindre le refuge de Manganu, mon camelback s’est déboîté et toute l’eau est venue rafraîchir le bas de mon dos… Il me restait moins de 50cl d’eau avant d’atteindre la prochaine source, à 2H de là. Je croisais beaucoup de monde venant dans l’autre sens avec des bouteilles remplies d’eau fraîche. J’avais très soif, la chaleur était insupportable et je devenais de plus en plus irritée. Ne tenant plus, j’ai demandé à 4 marcheurs Corse qui venaient dans l’autre direction si la source était encore loin. Devant ma mine, ils m’ont offert une bouteille d’1,5L d’eau, un cake au citron fait maison et un paquet de chips. Leur bonne humeur et leur générosité on refait ma journée. Je suis repartie avec un grand sourire et pleine de motivation rejoindre le refuge.

Comment ça se passe à Asinau ? Les travaux du refuge avancent ?

Le gardien au refuge d’Asinau a été très gentil. J’ai eu l’occasion de rencontrer sa fille avec qui on a discuté de leur travail. Les conditions sont parfois difficiles pour les gardiens. Il ne faut pas l’oublier…

Les travaux avancent doucement mais les toilettes sèches sont en place (et c’est un vrai bonheur après les toilettes turques de certains refuges !)

Il est possible de faire la cuisine dans ce refuge mais l’espace est assez étroit.

As-tu une astuce à partager ?

Tous les matins, au moment de plier la tente et de ranger le sac, je prévois la nourriture que je vais utiliser pour la journée et je la mets en haut de mon sac. Ça évite de devoir sortir toutes ses affaires au moment du déjeuner.

J’ai remarqué que mes amis randonneurs n’avaient pas remarqué qu’il y avait parfois des sifflets sur nos sacs. Juste à côté de la sangle qui passe sur notre buste pour relier les bretelles de notre sac à dos. En cas de besoin, ça peut s’avérer pratique…

Quels autres conseils pourrais-tu partager avec nos lecteurs qui préparent le GR20 ?

Le GR20 n’est pas aussi dur que ce que les gens en disent. Le plus important est d’aller à son rythme. De bien récupérer et de ne pas doubler les étapes si on ne se sent pas les capacités physiques de le faire.

J’ai lu sur une des pancartes d’un refuge « Randonner c’est vivre tranquillement, se presser lentement ».

Randonner, c'est vivre tranquillement, se presser lentement.
Randonner, c’est vivre tranquillement, se presser lentement.

Si tu envisageais de refaire le GR20 un jour, changerais-tu quelque chose ?

Je referais le GR20, mais dans son intégralité cette fois. Et avec des crampons. C’est assez frustrant de savoir qu’on n’a pas pu passer le sommet le plus haut du GR !

Merci beaucoup Louise pour ton retour d’expérience ! 

Au plaisir de lire la suite lors de ton prochain GR20 😉

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