Bonjour Carine, peux-tu te présenter stp ?
Je m’appelle Carine, j’ai 43 ans, je suis originaire du Val d’Oise et j’habite à Paris. Je suis totalement passionnée de voyage et de nature, je pratique le running et le yoga depuis plusieurs années. David, lui, est infirmier et passionné de Krav Maga. Pour nos 15 ans de mariage, nous sommes partis faire notre premier Trek en Islande (le Laugavegur), et cela a été une révélation pour nous : quand on entreprend ce type d’aventure, on sort vraiment de sa zone de confort et on en apprend tellement sur soi et sur l’autre… L’année suivante, nous voulions revivre des moments forts comme ceux vécus en Islande et c’est David qui a eu l’idée du GR20. Notre défi était lancé !
Nous avons 2 enfants, Camille (12 ans) et Florian (9 ans), trop jeunes pour venir avec nous sur le GR20. Comme cette aventure nous a demandé un vrai investissement en temps pour l’entrainement plusieurs mois à l’avance, nous les avons beaucoup impliqués dans notre projet, ils suivaient nos entrainements par photos interposées et nous ont beaucoup encouragés !
Déjà expérimentée en randonnée ?
Nous avons toujours aimé marcher mais nous n’étions pas des randonneurs avertis avant d’entreprendre le GR20. C’est pour cela que nous avons débuté notre entrainement environ 8 mois à l’avance, avec un programme de marche les weekends et une à deux sorties running la semaine, ainsi que des exercices de gainage 2 fois par semaine.
Peux-tu nous conseiller quelques randonnées dans la région parisienne ?
S’entrainer à Paris pour le GR20, c’est un vrai défi ! En regardant sur des blogs de trail, nous avons pourtant trouvé deux lieux parfaits pour l’entrainement : Le parcours des 25 Bosses à Fontainebleau, que nous avons enchainé 2 à 3 jours de suite plusieurs fois pour simuler des jours consécutifs de marche (le parcours fait 6 à 7 heures de marche avec sac a dos chargé sur le dos). Nous avons aussi fait quelques dimanches d’entrainement sur les escaliers de Montmartre, parfois jusqu’à 20 aller-retours avec sac à dos chargé aussi !
Quid de votre GR20 ? A quelle période, quel itinéraire ?
Nous avons fait notre GR20 à deux du 18 Juillet au 30 Juillet, en 13 jours, de Calenzana à Conca, en doublant 3 étapes. L’idée était ensuite de passer 2 jours de repos bien mérité au bord de la mer avant de repartir, ce que nous avons fait à Porto Vecchio !
Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ? Une préparation spécifique ?
Nous venons en Corse en vacances depuis 2000. Je connaissais bien sur le GR20 de nom mais c’était pour moi un rêve inaccessible. Je ne pensais pas être capable d’accomplir un tel défi sportif ! Pourtant j’aime sortir de ma zone de confort et vivre des expériences nouvelles, donc j’ai décidé de me lancer, en me disant qu’à deux ce serait plus facile ! Un soir, on a concrétisé le début de l’aventure en réservant nos billets. Le top départ de la préparation était donné.
Le plus important pour me préparer ? Clairement l’entrainement. Une à deux fois par semaine j’allais courir, j’ai d’ailleurs fait 6 mois avant le départ mon premier semi-marathon qui m’a permis de me tester sur de la fatigue longue durée. Et des weekends d’entrainement avec dénivelé important et chargée avec mon sac autour de 10 kg.
Quel équipement avais-tu emporté ?
L’étude du matériel nous a demandé du temps car nous voulions absolument minimiser le poids de nos sacs. Au final, David avait 14kg eau comprise (pour un poids à 70kg) et moi 12kg eau comprise (pour un poids à 60 kg).
Comme Matériel personnel : Un sac à dos 65L Ospray, un sac de couchage ultra léger, matelas gonflable ultra léger.
Pour dormir : un fuseau et un tee-shirt en laine.
Pour le jour : Une paire de chaussettes smartwool, 2 doudounes, une manches-courtes, une manches-longues, une veste de pluie imper-respirante, un maillot de bain, un bonnet.
Pour L’hygiène : une brosse à dent, un stick à lèvres UV, une micro-serviette.
Autre : une poche à eau 2L, papiers + argent liquide (attention à en avoir suffisamment !), une lampe frontale, un téléphone portable, des sacs plastiques, des lunettes de soleil.
Comme matériel commun que nous avons partagé : une tente ultra légère type MSR, papier toilette, une popotte pour deux, un réchaud P3RS, un briquet, un couteau, un kit sécurité (trousse de secours, demi-plaquette de Micropur, médicaments anti-crampes, carte pour se repérer), un carnet, un stylo.
Pour manger, nous avions pris pour 7 jours de provisions pour petits-déjeuners et déjeuners, et nous dinions au refuge le soir. Nous nous sommes ensuite ravitaillés à Vizzavona, à mi-étape.
Pour préparer notre liste nous nous sommes inspirés de celle proposée par le blog randonner malin.
Encore des névés à la mi-juillet sur le parcours ?
Nous avons eu très peu de neige sur le parcours. Quelques petits névés en montée vers la Pointe des Eboulis. Même à la Brèche de Capitello tout avait fondu !
Tes impressions ?
Pendant le GR20, j’ai vécu un condensé de toutes les émotions possibles : joie intense de découvrir des paysages vierges, fierté d’aller au bout de moi-même après certaines montées qui ont duré plusieurs heures – La montée en haut du Monté Cintu, extension fabuleuse à faire par beau temps après la Pointe des Eboulis, a été par exemple totalement mémorable.
J’ai aussi vécu la peur une après-midi de pluie et d’orage sur une zone escarpée, la colère et le doute de m’être bêtement mise en danger une fois (en me jurant de ne plus prendre de risque les jours suivants). J’ai pleuré de joie et d’épuisement, un soir en arrivant après 12 heures de marche près du refuge, où la douche froide n’était tout simplement pas supportable pour moi. J’ai ressenti souvent une fatigue physique intense, à la fin de chaque étape, mêlée à un état de sérénité que j’avais rarement expérimenté avant.
Pour toutes ces émotions cela restera pour moi un voyage initiatique magnifique.
Les aspects positifs :
- Les paysages époustouflants
- La beauté des levers et couchers de soleil
- Les passages avec des chaines : de bonnes montées d’adrénaline !
- La solidarité des personnes qui se suivent chaque jour et qui prennent soin les uns des autres
- Le professionnalisme des pompiers sauveteurs (nous avons assisté à une intervention sur un jeune randonneur norvégien qui s’était cassé la cheville en redescendant vers Tighjettu)
- La gentillesse de certains gardiens de refuges ! On se souviendra toujours de l’accueil de Charlie à Tighjettu et de son spray à l’alcool de myrte en fin de repas ! Après l’effort…
Du négatif ?
- La saleté des sanitaires près des refuges
- La difficulté parfois de se laver avec un filet d’eau froide après une longue journée de marche (pas toujours, mais cela arrive…)
Ton plus gros coup de cœur ?
La vue incroyable à 360° depuis le Monte Cintu après 7 heures de montée ! Une victoire contre moi-même et une belle récompense à la clé !
Ton étape et ton refuge préféré ?
Pour la convivialité, le diner au refuge de Tighjettu, avec Charlie notre gardien super sympa, qui nous a fait rire et nous a régalé avec sa bonne charcuterie, ses pâtes et son spray magique en fin de repas… à l’alcool de myrte !!
Pour la vue époustouflante, le refuge d’Usciolu. Nous y étions le soir du 27 juillet au moment de l’éclipse de lune, ce qui nous a rendu la soirée et la vue encore plus mémorable !
Un message à passer ?
Nous ne nous sommes jamais sentis seuls David et moi sur le GR20. A chaque refuge, nous revoyions des têtes connues de la veille ! Je garderai un super souvenir de notre petit groupe, les 3 norvégiens, les 3 canadiens, quelques Français (je salue Jérôme de Lyon, François et Lilou s’ils se reconnaissent !) et aussi une famille corse qui faisait le GR20 Nord. Le fait de retrouver tous les soirs les mêmes personnes, de partager avec eux nos souvenirs et nos sensations autour d’une bonne Pietra restera gravé pour moi !
Un objet ou une astuce que tu peux partager ?
La doudoune Uniqlo, ma meilleure amie ! J’en avais même deux dans mon sac, une manche courte, une manche longue et capuche pour les nuits les plus fraiches en altitude. Beaucoup plus léger qu’une doudoune et super confortable, aussi bien pour marcher que pour dormir la nuit…
Autre astuce : avoir des gants (photo) permet de monter les chaines sans difficulté, notamment quand il pleut. Cela préserve aussi les mains dont on a précieusement besoin pour se hisser ou descendre tout au long des différentes étapes !
D’autres conseils pour les lecteurs qui préparent le GR20 ?
Les 3 règles d’or pour moi : un sac pas trop lourd, pour une femme 10-12 kg grand maximum, pour être sûr de ne pas s’épuiser ; des chaussures de trek tige haute de très bonne qualité pour protéger les chevilles, et enfin pour ceux qui campent : un matelas gonflable (et non un tapis de sol) pour compenser les sols caillouteux et s’assurer de bonnes heures de sommeil réparatrices la nuit…
Si tu envisageais de le refaire, changerais-tu quelque chose ?
Je serai encore plus prudente au niveau de la météo. Nous nous sommes faits surprendre sur une variante alpine et nous avons pris nos précautions pour la suite : se lever tôt pour arriver au plus tard en début d’après-midi, demander au refuge le temps du lendemain, prévoir un ou deux jours de battement dans le séjour pour pallier aux intempéries.
Envie de rajouter quelque chose ?
Juste dire que rien n’est impossible pourvu que l’on se donne les moyens ! Le GR20 est un des plus beaux souvenirs de notre vie, ça vaut vraiment le coup !
Merci beaucoup Carine ! Tu as raison, il faut vraiment prêter attention à la météo, qui peut tourner très rapidement à de violentes pluies, des averses de grêles et à l’orage … cela devient alors très dangereux car le sol devient glissant, des roches peuvent se décrocher des parois et tomber, sans parler de la foudre… toujours avoir le numéro de Météo Montagne Corse (voir article sécurité et numéro utiles) et anticiper ces changements de météo.
Merci encore pour ton retour d’expérience et tous tes conseils ! A bientôt Carine et David !