Bonjour Joffrey, peux-tu te présenter ?
Je vais avoir 34 ans et j’habite Paris centre. Je suis coach sportif et maître-nageur-sauveteur depuis 16 ans déjà. Egalement, depuis 5 ans, je suis enseignant de physiologie au STAPS de l’Université de Créteil. J’ai toujours pratiqué du sport à un bon niveau, surtout la course à pieds.
Je continue de courir très régulièrement puisque je pratique de l’ultra-trail. Ma prochaine course sera le Taranis Arga Trail le 1er septembre. Je pratique également beaucoup de vélo de course qui fait partie intégrante de ma préparation. Une à deux fois par semaine, je fais des séances de renforcement musculaire spécifiques à ma discipline. Puisque je travaille dans une box de Crossfit (R2 TRAINING), il m’est facile d’y passer un peu de temps. C’est justement parce que je travaille en intérieur que je privilégie les activités physiques extérieures.
Déjà expérimenté en randonnée ?
Une fois par mois, je fais une longue randonnée (au moins 30km), seul ou avec ma compagne, car c’est un moment privilégié pour nous retrouver et nous reconnecter à la Nature. Et également pour déconnecter totalement (portable, bruit, pollution, etc). Amoureux de la Nature, nous y tenons énormément.
Je me déplace tous les jours à pieds exclusivement, par tous les temps. Je mets 30min aller 30min retour pour aller au travail. Je ne prends le métro qu’une fois par semaine pour me rendre à la fac. On peut donc dire que je suis un bon marcheur.
Peux-tu nous conseiller quelques randonnées en région parisienne ?
Au travers des différentes courses que j’ai faites en France, j’entends souvent dire qu’il est difficile de s’entraîner en région parisienne. C’EST FAUX !
Evidemment, si on se cantonne à Montmartre et ses marches, cela devient vite ennuyeux. Mais il y a la forêt de Fontainebleau et ses 17 sentiers Denecourt, son célèbre massif des 3 pignons avec le circuit des 25 bosses. Il y a également le bois de Montmorency, les bassins de la Bièvre, les bords de la Marne, le canal de l’Ourcq, etc. Tous ces spots sont idéals pour de la randonnée ou du trail, que l’on aime les terrains techniques ou pas, il y en a pour tous les goûts, de 10 à 35km.
Un exemple : si j’ai envie de me faire une grosse séance sur terrain technique avec un gros dénivelé, je vais au circuit des 25 bosses (un de mes préférés) et je me fais le parcours de l’ultra 35 bosses qui regroupe le circuit du Belvédère et le circuit des 25 bosses. Soit un total de 25km pour 1200m D+. A seulement 55km de Paris-Centre. Seul ou avec ma compagne, on se régale sur ce parcours. Points de vue magnifiques, absolument coupés du monde. A recommander fortement.
Quid de ton GR20 : quelle période, quel itinéraire, en solo ?
J’ai fait le GR20 en 5 jours, en solo, du 4 au 9 juin dernier, dans sa version intégrale du Nord au Sud, de Calenzana à Conca, en passant par la variante des crêtes juste après le refuge de Petra Piana.
Quel était le contexte de vouloir faire le GR20 ?
Actuellement, au travers de mon entrainement hebdomadaire et de mes courses, je suis en train de me préparer pour l’UTMB, l’Ultra Trail du Mont Blanc. Aussi je n’avais pas encore pris de vacances cette année. Et je ne connaissais pas encore la Corse. Naturellement, je me suis intéressé au GR20. C’était un bon moyen de parfaire ma préparation physique, de mettre les pieds sur le sol corse, et de me prendre une semaine pour me couper de tout.
Je voulais me mettre quasi dans des conditions réelles de course. Donc j’ai regardé un peu ce qui se faisait en termes de défi sportif sur ce parcours réputé atroce. Globalement, physiquement, j’étais prêt. Mentalement, j’allais le découvrir. Ce qui m’a beaucoup attiré concernant le GR20, je savais qu’on ne captait pratiquement pas avec un téléphone portable. J’avais à cette période précise un désir profond de couper de toute pollution extérieure. Je voulais me retrouver. Pas uniquement physiquement. Mais aussi mentalement. Je voulais être en paix. Me faire du bien à la tête. Faire le vide. Me ressourcer.
Quel matériel as-tu emporté ?
Je ne porte que du RAIDLIGHT pour l’équipement et des LA SPORTIVA pour les chaussures. Au total, j’avais 9 kilos et des poussières + 2,3L d’eau (3 bidons).
Donc un sac à dos OLMO ULTRA 30L avec un pack avant bien pratique pour répartir la charge et avoir le petit matériel à portée de main sans avoir forcément à enlever mon sac à dos. 2 tee-shirts et 2 cuissards ultralight. 1 haut et 1 legging en polaire. 1 veste imperméable. 1 pantalon ultralight. 2 paires de chaussettes compressives. Gants. 3 buff. Lunettes de soleil. 1 frontale. Une paire de bâtons BLACK DIAMOND. Couteau de survie. Une petite trousse à pharmacie avec tout le nécessaire en cas de pépin. Batterie externe. Téléphone portable. Montre GPS. Balise GPS SPOTGEN. 12 barres céréales CLIFF. 6 gels TOTUM. 1 duvet tout ce qu’il y a de plus basique. Mon portefeuille avec 600 euros en cash (taxis, refuges, hôtel à Vizzavona). Pour les chaussures, j’avais le modèle TX4 MID en Gore-Tex. 1 GoPro, perche et une paire de tongs aussi.
Encore des névés en ce début juin, vrai ?
J’ai monté le Cinto de nuit à partir de 3h du matin et il était encore beaucoup enneigé. Ascension rude car gros névé de neige sur la dernière portion avant d’arriver sur la crête des éboulis. Attention, je suis un habitué des montagnes, c’est pourquoi je me suis permis de prendre le risque. A savoir que j’avais une balise GPS connectée H24 à ma famille qui me suivait depuis Paris, prête à appeler les secours immédiatement en cas de secours. Mais comme je visais un défi sportif, à savoir le faire en moins de 5 jours, j’étais obligé de prendre quelques risques pour gagner du temps. Un risque murement réfléchi et mesuré néanmoins.
Puis sur les étapes 7 et 8, qui doivent correspondre à Manganu et à brêche du Capitellu si je me rappelle bien, c’était encore totalement enneigé. Sans mes chaussures en Gore-Tex, ça aurait pu être l’enfer.
Tes impressions positives ?
- Le cadre, entre Ciel, Terre et Mer
- La beauté du parcours dans sa globalité
- La propreté, rien à redire, c’est très bien préservé
- Les deux gardiens du refuge d’Asco
- Le refuge de Tighjettu et son gardien absolument génial
Tes impressions négatives :
- La deuxième partie de la partie Sud, ennuyante comparée à toute la partie Nord
- Pratiquement ou trop peu de balises dans la partie Sud (merci les kerns)
- Le refuge de Pietra Piana avec un accueil qui laisse à désirer
- Le refuge d’Asinau idem
- Globalement trop chère comme randonnée
Ton plus gros coup de cœur sur le GR20 ?
La sensation d’être totalement insignifiant tellement c’est immense autour de nous. Cela procure une grande peur et également une grande force. Je n’ai pas subi la solitude une seule fois car on rencontre des marcheurs régulièrement, et puisque j’étais seul, j’imagine que ça facilite le contact.
Ton étape préférée ?
Le lac de Nino. Unique au monde. Je suis sorti du brouillard pour arriver sur ce site qui s’est ensoleillé d’un coup à mon arrivée. Moment magique !
Un message à passer ?
Je remercie chaleureusement les deux gardiens d’Asco pour leur gentillesse et leur accueil. Le gardien du refuge de Tighiettu également qui m’a donné de précieux conseils pour gagner du temps. Et aussi un guide que j’ai rencontré au niveau de Bavella dont je ne connais pas le prénom mais son pseudo @U Vagabondu Muntagnolu qui m’a fait une superbe photo.
Un objet ou une astuce qui a été pratique durant ton GR20 que tu pourrais partager ?
J’ai toujours un porte bonheur sur moi. Une petite statuette de Titi. Un jour j’ai fait une promesse à une personne qui me l’a offert. Depuis, il parcourt la planète à mes côtés. A chaque voyage. A chaque course.
Sinon, personnellement je ne prends jamais de poche à eau mais plutôt des bidons. Plus facile à remplir sans avoir à enlever son sac, et aussi plus facile pour contrôler sa consommation d’eau. J’en avais 3 : 1 sucré, 1 salé, 1 neutre. Idéal pour varier.
Les bâtons sont indispensables. J’avais un modèle en carbone ultra léger. Sans eux, je n’aurais peut-être pas supporté.
La Pietra et son délicieux goût de châtaigne.
D’autres conseils pour nos lecteurs qui préparent le GR20 ?
Le GR20 peut être génial s’il est bien préparé et si l’on est bien équipé. Comme il peut se montrer diabolique dans les cas contraires. Ne pas négliger la sécurité et l’équipement pour car il y a des sections qui peuvent être mortelles je pense. Oubliez le confort si vous voulez le faire. Ici nous ne sommes pas là pour çà. Donc ne transportez pas de sac trop lourd, vous le paierez très cher au fur et à mesure des kilomètres qui passent.
Si tu envisageais de refaire le GR20, changerais-tu quelque chose ?
Je prévois de refaire le GR20 avec ma compagne. Je veux maintenant partager cette expérience avec elle. Mais vraiment en mode randonnée. En prenant le temps d’admirer chaque panorama.
Envie de rajouter quelque chose ?
Merci de m’avoir proposé de faire cette interview et bravo pour ton blog !
Merci beaucoup Joffrey !
Effectivement, je n’ai pas pu m’empêcher de te le proposer l’interview quand j’ai vu tes photos ! 😉
Au plaisir de relire une future interview pour ta prochaine aventure GR20 en version rando accompagné de ta femme – je vous le souhaite très prochainement !
Merci aussi pour tes suggestions de sorties rando / trail dans la région parisienne, car bon nombre de lecteurs vivent en IDF : ça va donner des idées à certains 😊