Le GR20 en mai : Angèle et Nicolas du Poitou-Charentes

Bonjour Angèle, peux-tu te présenter s’il te plait ?

Hello, moi c’est Angèle, 19 ans, étudiante en STAPS (Fac des sciences du sport). Je viens du Poitou-Charentes, dans la Vienne. Ce n’est donc pas une région très montagneuse ! Mais j’ai toujours fait du sport, de la course, du vélo, de la danse, du cheval, du foot entre copains… Bref, j’adore me dépenser !

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Déjà expérimentée en randonnée ?

Je n’avais jamais fait de randonnée jusqu’à présent. C’est d’ailleurs, peut-être, une de mes erreurs, ou alors un défi. Chacun le voit comme il le souhaite 😊

Quid de ton GR20 ? Quel itinéraire et quelle période ?

J’ai fait le GR20 dans le sens Nord/Sud accompagnée de mon copain (enfin, c’est plutôt moi qui l’accompagnais !).

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Nous sommes partis de Calenzana le 20 mai. C’était très tôt, étant donné les chutes de neige 5 jours à peine avant… Après de nombreux imprévus, nous sommes arrivés le 1er juin à Conca.

Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ? Une préparation spécifique ?

On voulait de base faire un voyage au Vietnam « sac à dos » avec mon chéri. Malheureusement, notre période disponible tombait pendant la mousson.

Mon copain, Nicolas, m’a dit : « j’ai trouvé ! » et il m’a proposé de partir faire le GR20. J’ai ri et accepté, en me disant que l’idée lui passerait… deux jours après, on avait réservé nos billets, 5 mois après : on partait !

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Quel équipement avais-tu emporté ?

Je me suis attelée au matériel dès que j’ai su qu’on partait, j’ai recherché du bon matériel au bon moment sur Internet. Il y a toujours des offres, et avec un budget étudiant, on fait au moins cher !

J’avais un duvet 0° Millet femme d’1,4 kg, tapis de sol Sea to Summit 500g. C’était parfait, sauf pour une ou deux nuits, où j’ai eu un peu froid. Chaussures montantes Salomon X Ultra 3, top, à part quelques ampoules… Pour les accompagner, j’avais 2 paires de chaussettes de rando, 1 de contention et 1 pour la nuit en Mérinos. Je n’ai pas utilisé celle pour la nuit…

Niveau vêtements : j’avais deux pantalons-short, 1 short qui habille un peu plus, mais de rando (il nous fallait des habits pour 1 semaine après). 3 tee-shirts à manches courtes, deux hauts polaires très fins. Ils m’ont tous servi plus ou moins, on ne s’est pris qu’une grosse pluie.

J’avais un Softshell que je n’ai pas sorti… une polaire Columbia bien épaisse, et un Kway 10 000 Millet, qui lui, a bien été utile.

Des gants, très utiles les matins en altitude, et deux couvres-cou. Un polaire, très utile le matin de même, il fait chaud, on se découvre, mais un vent frais menace… un couvre-cou de sport, que j’avais pratiquement tout le temps.

J’ai mis le même pantalon pendant deux semaines (beeurk !) qui se converti en short, je changeais de tee-shirt pour les laver, le matin avec un haut polaire très fin, l’après midi en tee-shirt. Dans le sud, je me suis mise en short. Le soir, je mettais les deux hauts techniques, ou ma polaire, ma veste Millet et des gants. La nuit, je dormais uniquement en tee-shirt et sous-vêtements dans mon duvet, ça suffisait.

Tout était rangé dans des sacs imperméables de kayak, le duvet seul dans un 12L, le matelas seul dans un 10L, les habits dans deux petites poches de 5L. Cela m’a permis de compartimenter, de faciliter le rangement de mon sac (je n’avais que 4 sacs dedans, plus la nourriture), de réduire en compressant les sacs et surtout… d’avoir toutes mes affaires parfaitement sèches sous 5 heures de pluie et grêle non-stop.

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J’ai pris avec moi une gourde thermos de 750ml et deux poches à eau de 500ml. Je buvais largement tout durant le temps de marche.

On avait la quasi-totalité de nos repas sur nous, en lyophilisés, des barres protéinés et barres de céréales (à partir d’Usciolu nous avons fait 1,5 étape par jour, j’avais deux barres par jour pour le plus grand plaisir de mon estomac). Nous avions au début beaucoup de noix, amandes et cramberries secs.

Nicolas portait la tente et le réchaud, moi la popotte. Au final, il était à 18 kg et moi à 15kg. C’était beaucoup trop… mais il portait déjà une partie de mon eau et de ma nourriture…

Encore des névés sur le sentier ?

Malheureusement, les étapes 3,4,5 et un peu la 6 étaient enneigées. Un groupe devant nous, croisé à Carrozzu a décidé de faire demi-tour à cet endroit à cause de la neige. Une personne de leur groupe avait déjà fait le GR en 10 jours et nous a dit de faire la même chose. Un Corse croisé, nous a dit être fous, que c’était beaucoup trop dangereux…

Par manque d’expérience, peur de ma part, manque de matériel (aucun GPS spécifique), pas de piolet (nous avions les crampons) nous avons décidé de contourner le GR sur cette portion, en passant par le Mare e Monti. Il n’y avait aucun autre groupe devant nous, et donc aucune trace dans la neige, sans connaissance du terrain, c’était impossible, pour nous, de passer.

Au final, nous avons croisé à Bavella une personne qui était passée deux jours après nous, son ami s’est fait secourir en hélico, et lui s’est fait très peur malgré son GPS, ses crampons, piolet, expérience et peu de kilos sur le dos (plaques de neiges qui se détachent, verglas etc..) Nous avons donc bien fait…

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Tes impressions…positives ?

Ce fut une expérience humaine géniale : sur la partie sud, nous avons vu beaucoup de gens, finir le GR en groupe. C’était vraiment riche en émotions. Les paysages étaient extras – vraiment ! On se sent libre, loin de tout.

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J’ai forcément été très fière d’avoir fait tout ça, je me suis impressionnée. Beaucoup le disent, sur le coup, « on pose le cerveau ». Mais très fière en y repensant.

Du négatif ?

Mon sac était beaucoup trop lourd, lorsqu’il fallait enjamber, escalader ou monter tout simplement, j’étais épuisée, et très lente.

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Sur les crêtes avant Usciolu un orage a éclaté… on était en plein dedans, j’ai eu très peur, on a été trempé jusqu’aux os, la fatigue, le froid, les affaires mouillées en rentrant au refuge, la peur ressentie… ce n’était pas le meilleur moment !

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On s’est caché de l’orage 1H30 dans une forêt juste avant de passer à découvert, un groupe devant nous a eu moins de chance, ils étaient sur les crêtes : 5 se sont fait projetés au sol par l’onde de choc, un a été brûlé à la jambe… On a eu beaucoup de chance… j’imagine…

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Ton plus gros coup de cœur ?

Mon coup de cœur ? Je dirai l’effort que j’ai produit, le ressenti que l’on a en voyant le refuge, le soulagement 😊

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Les rencontres ont aussi été une part importante pour moi.

Ton étape et ton refuge préféré ?

Je n’ai pas vraiment eu d’étape préférée en y repensant… peut-être celle de la bergerie d’I Croci à Bavella : une journée géniale grâce aux gens rencontrés, une longue journée, un sommet assez haut passé… je ne sais pas – spontanément – je dirai celle-ci !

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Un remerciement ?

Merci à mon Nicolas de m’avoir supporté et soutenu, même si lui non plus n’a pas toujours été facile 😊 !

Merci à tous ces fabuleuses personnes rencontrées : Zoé, Sixt, Patrick, Inger, Viktor… et bien d’autres !

Un objet ou astuce à partager?

Comme dit plus haut, mes sacs de canyoning / kayak, ce fut mon « tips » dont je suis le plus fière !

Un autre conseil à partager avec les lecteurs qui préparent leur GR20 ?

Ne partez pas trop lourds !!!!

Si tu envisageais de le refaire, changerais-tu quelque chose ?

Avec plus d’argent… le poids du sac, je mangerais en refuge, prendrais moins d’affaires inutiles (mon Softshell ne m’a servi qu’une ou deux fois…). Et mon entrainement : plus jamais sans aussi peu d’expérience !

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Un grand merci Angèle pour ton retour d’expérience ! Neige, orage, températures basses, condition physique non-optimale… beaucoup de paramètres qui peuvent faire basculer l’expérience sur toute la difficulté que peut-être (qu’est) le GR20 !

Merci beaucoup pour nous l’avoir dévoilé d’une manière tout à fait franche, ce ne sera qu’un très bon avertissement pour les prochains randonneurs…. Le GR20, on y prend du pur plaisir, mais on peut aussi y vivre l’enfer…. En tout cas, félicitations à vous 2, et à bientôt j’espère !

Une réponse à “Le GR20 en mai : Angèle et Nicolas du Poitou-Charentes”

  1. Bonjour, merci pour le partage de votre randonnée.
    j’ai une question est-ce que dans les refuges il y a des réchauds que l’on peut utiliser pour faire chauffer de l’eau pour les plats lyophilisés?

    Merci

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