Laurence de Québec – GR20 Sud Nord en fin juillet-début août

Bonjour Laurence, peux-tu te présenter s’il te plait ?

Bonjour ! Moi c’est Laurence, je suis une architecte qui habite la ville de Québec, dans la belle province de Québec. Comme j’ai un travail majoritairement assis devant l’ordinateur, j’aime beaucoup faire des activités en plein air, que ce soit l’été ou l’hiver, de soir, le weekend et durant mes vacances.

Laurence
Laurence

Paradoxalement, je conçois des bâtiments en ville la semaine et je m’enfuis dans la nature le weekend.

Déjà expérimentée en randonnée ?

Je pratique la randonnée depuis que je suis toute petite, ce sont mes parents qui m’ont initié. Quand j’étais jeune, nous allions souvent dans les White Mountains, aux USA, qui offrent de quoi s’amuser.

La première randonnée en autonomie, réalisée avec mon copain et mon père fût d’ailleurs dans ces montages. Nous avons fait une partie du Chaînon Presidential, constitué de 10 sommets, dont le mont Washington à 1.917 mètres d’altitude. Les montagnes blanches sont d’ailleurs celles qui s’apparentent le plus au GR20 en termes de difficulté de terrain, on y retrouve beaucoup de grosses roches à gravir.

Peux-tu nous conseiller quelques randonnées ?

En termes de longues randonnées, nos coups de cœur sont définitivement le Tour du Mont-Blanc (170 km et 10.000 m de dénivelé +) réalisé en 8 jours en 2015 et la Laugavegur trail en Islande, un trek de 55 km avec des paysages volcaniques époustouflants, réalisée en 3 jours en 2018.

Outre celles réalisées outre-mer, il y a beaucoup de randonnées à faire au Québec. L’automne est d’ailleurs la saison parfaite pour marcher, avec la température un peu plus fraîche, aucune mouche et surtout les feuilles qui changent de couleurs … c’est magnifique ! Dans la région de Charlevoix, il y a le classique (et incontournable) sentier de l’Acropole des Draveurs, situé dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. C’est une rando de 10 km qui monte jusqu’à 1050 mètres d’altitude et qui vous offre un point de vue plongeant sur la rivière Malbaie.

Enfin, notre terrain de jeux quotidien demeure le parc national de la Jacques-Cartier, à seulement 30 minutes de Québec, il offre de quoi s’amuser ! Nous avons d’ailleurs croisé un Français sur le GR qui nous a dit, en imitant très bien l’accent québécois : « C’est pâs comme grimper dans le parc de la Jacques Cartier çâ, lâ lâ ! » Et non en effet ! Le parc est beaucoup plus facile, mais on y compte de nombreuses randonnées, on peut y camper, faire du canoë, du ski hors-piste l’hiver, de la raquette, etc.

Quid de ton GR20 : à quelle période, quel itinéraire ?

J’ai réalisé le GR20 avec mon copain, Raphaël, dans le sens sud-nord.

Bocca-Crucettu-Laurence et Raphaël
Bocca Crucettu – Laurence et Raphaël

Nous avons décidé de le faire à l’envers, car j’ai un petit problème de genou depuis le TMB (syndrome fémoro-rotulien), que je traîne depuis maintenant 4 ans. J’ai donc parfois mal au genou dans les longues descentes. En le faisant dans le sens sud-nord, on avait évalué qu’on montait plus que l’on descendait au final et on terminait le parcours par deux grosses descentes. Nous sommes donc partis de Conca le 24 juillet et nous sommes arrivés à Calenzana le 5 août en matinée.

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Dur pour les genoux…

Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ?

Mes parents ont fait la partie nord du GR20 il y a 40 ans. Ils ont également fait le tour du Mont-Blanc dans leur vingtaine. Ce sont eux qui m’ont fait découvrir et apprécier la randonnée. Les photos qu’ils me montraient de leur voyage m’ont toujours inspiré et donné envie de faire de même !

Refuge de Manganu - GR 20
Refuge de Manganu – GR 20

Pendant nos vacances de Noël, on aime bien prendre du temps pour planifier nos prochaines vacances qui sont toujours en juillet-août. Ça nous fait également tolérer les froides journées d’hiver ! On a donc réservé nos billets d’avion à la mi-janvier et nous nous sommes entrainés tout l’hiver et au printemps afin d’être assez en forme et surtout que mon genou tienne le coup !

Quel équipement avais-tu emporté ?

Pour le GR20, j’ai utilisé un sac de 60 litres, qui n’était pas plein, rassurez-vous ! C’est juste que je suis habituée avec celui-ci et je le trouve confortable. Il pesait autour de 11 kg sans l’eau. Je trainais de 2 à 3 litres d’eau par jour. C’est Raphaël qui trainait la tente et moi le chaudron ainsi qu’une bonne partie de la nourriture.

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Raphaël

Nous avions apporté beaucoup de nourriture lyophilisée, surtout des dîners ainsi que des petits déjeuners, car honnêtement du pain blanc avec de la confiture, ça ne soutient pas beaucoup ! On a faim après 30 minutes ! Nous avions donc apporté des œufs lyophilisés. On traînait également beaucoup de barres de céréales protéinées, car l’offre sur le parcours était un peu décevante … encore une fois des biscuits « Petit Prince» c’est bien bon, mais ça ne soutient pas trop !

Enfin nous avions chacun notre sleeping bag, notre matelas et un petit oreiller compressible. Comme vêtements, nous avions un coupe-vent, un petit duvet, deux paires de shorts, une paire de pantalons longs, et 3 hauts, dont un à manches longues.

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Bivouac en Corse – GR20

Avais-tu pensé à l’aspect Sécurité en préparant le GR20 ?

Nous n’avions pas trop pensé à l’aspect sécurité avant d’arriver en Corse… c’est quand on s’est mis à croiser des gens qui nous racontaient des histoires de sauvetage en hélicoptère qu’on a eu un petit stress, mais sinon tout s’est très bien déroulé. On a simplement évité de marcher en plein orage.

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Des chèvres à 2000 mètres

Encore des névés sur le parcours ?

On a aperçu un peu de neige sur le parcours, mais jamais dans le sentier.

Tes impressions positives :

Le voyage en soi est un accomplissement extraordinaire. Ça sort de la routine, tu fais le vide complètement et tu profites du moment présent. Tu penses seulement à marcher, manger, boire, rire et dormir. Tu peux d’ailleurs engloutir des quantités hallucinantes de nourriture sans aucun remords ! C’est parfait ! Tu te lèves hyper tôt et tu es fière à la fin de la journée de la distance parcourue. On a rencontré plein de gens sympathiques et vue beaucoup d’animaux sur le trajet.

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Les nombreux animaux sur le GR

À chaque fois que je repense à ce voyage, un sentiment de bien-être, de fierté et de gratitude m’envahit. J’ai déjà hâte à mon prochain défi !

Du négatif ?

Le point le plus négatif de la randonnée a sans aucun doute été les gens que l’on croisait en sens inverse et qui commentaient notre itinéraire. Ce qu’on entendait le plus souvent et qu’on trouvait plutôt décourageant : « Ah, mais non, vous ne pouvez pas doubler dans le Nord, c’est beaucoup trop difficile ! », « Le Nord, c’est vraiment difficile, il y a beaucoup de passage vertigineux, vous allez voir ! », « L’étape 4 c’est la pire », « L’étape 2 c’est la plus difficile ! » etc. etc. etc. ….

Vue depuis Bocca Crucettu - GR 20
Vue depuis Bocca Crucettu – GR 20

Eh bien à tous ceux qui se sont permis de commenter notre itinéraire, sans avoir la moindre idée de notre condition physique, j’aimerais vous dire que c’est possible de doubler dans le Nord, on l’a même fait à deux reprises. D’ailleurs, on a aussi croisé des gens qui faisaient le GR20 en 8 jours, donc qui doublaient toutes les étapes … Tout ça pour dire que tout ce fait (même le faire en 31 heures 😉 ), ça dépend du rythme et de la condition physique de chaque personne. De plus, la difficulté d’une journée est très subjective et dépend de plusieurs choses, comme de notre sommeil, de la température, du repas de la veille, etc.

Ton plus gros coup de cœur ?

Le plus gros coup de cœur fut définitivement notre premier lever de soleil au refuge de Paliri. Après une dure première journée (j’ai fait une insolation et étais malade en arrivant au refuge) et une mauvaise nuit, ça nous a rappelé pourquoi on avait entrepris un tel voyage.

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Levé du soleil à I Paliri

Tes étapes et refuges préférés ?

Difficile à dire, toutes les étapes étaient agréables et chaque refuge avait leur particularité, parfois c’était l’accueil chaleureux des gens qui nous a marqués (comme à Manganu, Vizzavona et le Col de Vergio) et parfois c’était en raison de l’endroit incroyable pour planter sa tente (comme à Paliri, Asinau, Usciolu et Ortu).

Une pause entre 2 étapes - Petra Piana
Une pause entre 2 étapes – Petra Piana

Les étapes du Nord étaient toutes magnifiques et surtout gratifiantes. Pour le sud, on a beaucoup apprécié notre 4ième journée, où l’on partait d’Usciolu pour se rendre au Col de Verde. Nos jambes étaient enfin habituées aux journées de marche, on est passé par de belles crêtes et il allait y avoir des orages le soir. Il faisait donc moins chaud et les nuages dans les montagnes donnaient une tout autre ambiance au paysage. On a croisé un immense troupeau de chèvres à 2000 mètres d’altitude et on a également vu des chevaux, des cochons et des vaches. Les gens rencontrés au Col de Verde étaient très sympathiques et le repas délicieux.

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Repos avant le prochain ravitaillement

Des remerciements ?

J’aimerais remercier mon copain d’être toujours partant pour ce genre d’aventure ! Ce n’est pas tout le monde qui passerait leurs vacances à se lever à 4h45 et marcher toute la journée !

Aussi, j’aimerais dire merci au couple de pompiers qui ont pris le temps de nous donner leurs distances et dénivelés recueillis avec leur GPS, ça nous a aidé à nous préparer mentalement pour la partie nord.

Enfin, un petit coucou à nos amis belges, Benoît et Yves, avec qui nous avons partagé la route de la partie sud !

Une astuce à partager avec les lecteurs ?

Raphaël a fait le GR20 avec des souliers de trail et non avec des bottes de randonnées qui recouvrent les chevilles. Pour éviter d’avoir toujours des roches dans ses souliers, il portait des petites guêtres. Il n’a pas fait une ampoule du voyage et plusieurs randonneurs lui ont demandé pourquoi il portait ça.

Raphael
Raphaël

À chaque fois qu’il l’expliquait, ils nous répondaient qu’ils auraient aimé en avoir aussi !

D’autres conseils pour les lecteurs qui préparent le GR20 ?

Écoutez votre corps, partez tôt, profitez du moment présent et appréciez l’aventure !

Si tu repartais sur le GR20, changerais-tu quelque chose ?

Si c’était à refaire, on se laisserait plus de latitude dans notre horaire. Nous nous étions fixés 13 jours pour le faire. Nous avons seulement eu une nuit et matinée d’orage. Heureusement, elle est tombée au bon moment, car nous n’avions que 4 heures à marcher pour nous rendre au refuge suivant. Par contre, si un autre orage ou un autre imprévu était arrivé, nous n’aurions pas été en mesure de le terminer…

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Passerelle suspendue de Spasimata

Merci beaucoup Laurence pour ton retour d’expérience et tes conseils ! Effectivement, il vaut mieux prévoit plus du temps que l’inverse. En plus, dans une telle configuration (s’il reste du temps en fin de parcours) on peut se permettre d’effectuer des itinéraires alternatifs en fin d’itinéraire, ou encore même d’arriver en avance sur le littoral et de profiter d’une baignade et des plages 😉

Et maintenant, voici la superbe vidéo du GR20 de Laurence et Raphaël :

Une réponse à “Laurence de Québec – GR20 Sud Nord en fin juillet-début août”

  1. Merci pour cette magnifique vidéo 😊 de nous avoir fait partager votre belle aventure.
    Je pars faire le GR20 au mois de juin après avoir fait le GR10.
    Jacques du 64

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