Jérémy Cazalas de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) – GR20 en septembre

Bonjour Jérémy, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Jérémy Cazalas et je suis originaire de Bagnères de Bigorre dans les Hautes-Pyrénées. Il y a quinze ans, j’ai quitté le coin pour faire mes études et lancer ma carrière professionnelle. Je vis à Paris depuis douze ans mais je reviens très souvent aux sources pour retrouver ma famille et mes montagnes. Je suis associé au sein d’une entreprise qui propose des solutions digitales pour le secteur de la restauration. Mes passions : lire, écrire et faire du sport (de préférence en montagne !).

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Jeremy Cazalas – GR20

Niveau sportif, j’ai toujours pas mal bougé quand j’étais jeune : rugby, pala, tennis, ski… le sport a toujours fait partie de mon quotidien. Depuis 2015, je pratique la course à pied en compétition avec deux à trois épreuves longues par an. J’ai commencé par le marathon puis j’ai bifurqué vers le trail. En effet, j’aime les petites courses de village qui existent encore avec des parcours un peu techniques, une ambiance authentique et des bénévoles toujours souriants. Depuis 2018, j’ai démarré un long processus qui doit m’amener au défi final : faire la Diagonale des Fous avant mes 40 ans (2023). Cela fait deux ans que je cours le Grand Raid des Pyrénées sur la distance de 80k. L’an prochain, je monte la marche suivante pour viser le 120k.

Déjà expérimenté en randonnée ?

La randonnée est une de mes passions. J’adore flâner dans les montagnes et contempler. Tu peux faire une rando quinze fois, tu la verras quinze fois différemment. C’est ce que j’aime dans les grands espaces. Tu as beau avoir l’impression de tout connaître, tu redécouvres à chaque fois. C’est aussi pour cela que la montagne te rend humble. C’est lorsque tu as l’impression de maîtriser le terrain que tu t’approches du risque. Donc je dirais que je commence à connaître la montagne mais je ne me considère pas comme « expérimenté ».

Plus précisément, la majorité de mes sorties se font sur la journée. Il m’arrive parfois de partir deux ou trois jours mais je n’avais jamais excédé les trois jours avant le GR20.

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Au dessus des nuages

Peux-tu nous conseiller quelques randonnées ?

Dans les Hautes Pyrénées, c’est juste le paradis de la randonnée. J’en choisirais trois que j’aime particulièrement :

La réserve naturelle du Néouvielle (Pas du Gat, pic du Néouvielle, crête des Laquettes, et tous ses lacs) est un endroit vraiment fabuleux. Chaque fois que j’y amène quelqu’un c’est le « waou » assuré. Sans être vertigineuse, la réserve naturelle offre une variété dans la beauté des paysages.

La boucle Lac d’Ourrec, col de Bareilles, Lac Bleu, Lac Vert. Là c’est le cœur qui parle. C’est la vallée de mon enfance. Un stop à Bagnères de Bigorre pour acheter un saucisson de Trébons et un bout de fromage à la Halle. Direction le Chiroulet pour faire une boucle de toute beauté et qui occupe une belle journée. Et au retour on mange la tourte aux myrtilles chez ma grand-mère adorée : la madeleine de Proust version Bigourdane.

Pour ne pas être trop chauvin, je vais citer une rando qui part de Laruns dans le 64 : le tour du pic du midi d’Ossau. Un pote me l’a fait découvrir cet été et j’ai trouvé le chemin sublime. C’est très accessible en plus. Je pense que c’est même jouable avec des enfants avec un bivouac pour couper l’effort en deux. Il doit y avoir 16 ou 17 bornes en tout sans grosses difficultés.

Quid de ton GR20 ? Quel période, quel itinéraire ?

Notre aventure s’est déroulée du 14 au 22 septembre. Nous avons réalisé la traversée de Calenzana à Conca en 8 jours avec les stops suivants : Carrozzu, Tighjettu, Manganu, Onda, Capannelle, Prati, Asinau.

Jérémy et Mathieu
Dans le brouillard

Quel était le contexte de vouloir réaliser le GR20 ? Une préparation spécifique ?

Alors le GR20, c’est un rêve de gosse. Quand j’étais ado, mes parents ont acheté une résidence secondaire sur la Costa Verde près de Moriani. J’y suis allé pendant près de quinze ans aussi souvent que possible. La Corse, c’est pour moi le plus bel endroit que j’ai vu sur cette planète. J’aime tout de la Corse : son histoire, ses habitants, ses paradoxes, sa culture… et que dire des paysages. Je connaissais la quasi totalité des côtes de l’ile… mais pas sa montagne. Quand j’entendais des types raconter leurs exploits sur le GR20, je vivais l’aventure dans ma tête. J’appréhendais beaucoup de me lancer sur ce parcours. Et puis, l’an dernier je me suis senti prêt.

Au début de l’année 2019, un pote me propose de le faire en mode trail en 5 jours. Le projet me motive et je commence à étudier le parcours. Sur le papier, ça me paraissait jouable. Dans ma tête, c’était parti. Et en mars, il m’annonce qu’il ne pourra pas se libérer. J’étais hyper déçu mais je ne me voyais pas renoncer. J’étais trop conditionné depuis deux mois… Par hasard, j’en parle à un pote au téléphone quelques jours plus tard. Il me balance « moi je suis chaud ». J’ai rencontré Mathieu à Londres en 2003. On s’était retrouvé dans la même résidence étudiante. Pendant un an, on a fait les 400 coups. Les dix années suivantes, on s’est vu à Paris avec toujours la même complicité. Il y a deux ans, il quitte l’Ile de France pour des raisons familiales, laissant un grand vide dans mon cœur 😉. Le GR20 était le prétexte idéal pour se retrouver.

Comme Mathieu n’est pas un montagnard à la base (mais un sportif), je décide de redimensionner l’aventure sur 8 jours. L’idée était de partir de Calenzana et de rejoindre Conca en 8 jours. Après avoir pas mal lu sur le sujet, l’idéal était donc de doubler tout bêtement les étapes.

Pour la prépa, j’avais toute une saison de trail sur l’été : Course des refuges (53k, 3500d+) début juillet, Gabizos Skyrace (28k, 1900d+) fin juillet et le Grand Raid des Pyrénées TDL (80k, 5000d+) fin août. Du 26 août au 14 septembre, j’ai surtout privilégié la récup pour être frais au départ.

Mathieu, de son côté, a voulu la jouer au talent sans s’entraîner ! Il s’était affuté comme un fou pour les mondiaux amateurs de basket à Tortoza fin juin puis il a passé l’été à manger et picoler. Il s’est réveillé à une semaine de l’échéance en me demandant s’il fallait qu’il fasse quelque chose en particulier.

Quel équipement avais-tu emporté ?

Je suis parti sur la base d’un format 30L.

L’équipement ! Honnêtement, on a fait un peu n’importe quoi. On s’est chargé comme de mûles. On avait peur de manquer de plein de choses. Peur du froid, peur de mourir de faim, … J’avais pris deux frontales au cas où, une polaire, une seconde peau, un K-way, un Poncho, une doudoune en duvet d’oie… des tonnes de doublons. Au final, sans eau, mon sac pesait déjà 11kg. Du coup, je vais plutôt vous dire ce que je prendrais si c’était à refaire : mon pantalon convertible, un short, deux tee-shirts, quatre paires de chaussettes (car ça c’est vraiment important), un poncho, une veste chaude (en l’occurrence ma doudoune Uniqlo en duvet d’oie était parfaite). Un Buff, une casquette et des lunettes. Et une serviette microfibre pour se laver.

Côté matos, une frontale avec la batterie de rechange. Nous avons fait deux heures de frontales par jour. Si vous partez de jour, c’est moins utile. Pour autant, j’en ai toujours une sur moi au cas où. Des bâtons sont quand même utiles. Je ne suis pas un fana des bâtons en général mais sur 8 jours, ça permet de pas mal compenser. Une « power bank » pour recharger le mobile et la montre GPS. Ne comptez surtout pas sur quelqu’un pour recharger. Les seuls refuges où il y avait un semblant d’alimentation sont pris d’assaut et c’est compliqué de laisser son appareil plus de quinze minutes si vous ne voulez pas vous embrouiller avec tout le monde. Une réserve de 2 litres d’eau est nécessaire car certaines étapes dépassent les 6h et il n’y a pas de sources.

Pour le couchage, nous avions loué des tentes sur chaque refuge. Nous avions donc un sac de couchage chacun. Fuyez les refuges car ils sont infestés de punaises de lit et c’est trop bruyant. Surtout si vous le faites en doublant ou triplant les étapes. Car la majorité des gens le font sur 12 à 15j… donc le soir ils se marrent jusqu’à pas d’heures et se lèvent à 7 ou 8h du mat. On ne vit pas vraiment au même rythme. Il faut donc le prendre en compte.

Côté nourriture, nous avions de quoi manger la journée et nous comptions sur les diners copieux des refuges le soir (compter entre 20 et 24€ par personne). Evitez les petit-déj : 8€ pour un bout de pain et un café lyophilisé. Sur nous, nous avions toujours : un bout de pain, du saucisson, du fromage. Puis barres de céréales, amandes, dates déchées, bananes séchées et compotes en tube.

Perso, toutes mes affaires étaient dans des sacs congélation zippés. C’est tout con mais la montagne est humide (même s’il ne pleut pas). Cela permet de tout garder au sec. Pour finir, on avait dentifrice, brosse à dents, savons, trousse de secours (Compeed, pansement, gaze, antiseptiques etc), crème solaire. Pensez vraiment à prendre la couverture de survie. Au-delà de vous protéger du froid en cas de coup dur, elle permet aux sauveteurs de vous voir dans le maquis si vous avez besoin d’être secouru.

Si vous êtes deux, prenez un seul savon, une seule crème solaire, etc. Nous avions fait la bêtise de prendre chacun tout le nécessaire. Il faut rationnaliser les effets personnels car le sac est vraiment lourd sur la longueur.

Avais-tu pensé à l’aspect Sécurité en préparant le GR20 ?

L’aspect sécurité doit être toujours dans la tête d’un randonneur. Garder de la batterie pour appeler un numéro d’urgence, avoir de quoi panser une plaie, posséder une couverture de survie pour signaler sa présence aux sauveteurs dans les zones peu visibles. Avoir un strap peut aider pour une cheville qui twist mais aussi pour protéger une chaussure qui s’est abimée (ça m’a été bien utile !).

Côté difficultés, le nord est truffé de passages délicats. Il n’y a rien de dangereux mais il ne faut pas le prendre à la légère. De toute façon, on ne maîtrise jamais vraiment la montagne. Il faut être humble par rapport à ça.

Par exemple, nous sommes arrivés à Prati le 5ème jour à midi et nous devions doubler. Lors de notre arrivée au refuge, on ne voyait pas à 10 mètres. Le gardien nous dit que c’est suicidaire de partir car on doit passer des crêtes et que de violents orages sont annoncés. Je n’ai même pas réfléchi et nous avons stoppé la journée là. Finalement, il s’était foutu de nous car le sentier était facile et qu’il n’y eut pas le moindre orage mais ce n’est pas grave, l’objectif est avant tout de rentrer en vie. Je ne connaissais pas le terrain et il était hors de question de prendre le moindre risque.

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Zone de bivouac

Je tiens juste à souligner que l’imprudence conduit souvent à des situations inconfortables : entorse, petite chute, hypothermie, etc. Alors certes, vous n’allez pas mourir… mais vous obligez les secours à prendre des risques pour vous. J’estime que tout le monde doit garder cela en tête. Les secouristes ne sont pas au service de l’imprudence.

Quelles sont tes impressions ?

A une heure d’arriver à Conca, j’ai fondu en larmes en marchant. Il y a eu tellement de choses… La veille du départ, nous dinons chez mon oncle qui vit à Algajola. Diner un peu trop arrosé avec trois heures de sommeil au compteur… La première journée fut un enfer car assez technique. Le soir, Mathieu m’annonce qu’il arrête. Le deuxième jour il accepte de repartir et on double la 3 & 4. A Tighjettu, on a l’impression d’avoir réussi l’impossible. On a pris des orages, on a manqué d’argent, on a dû tripler après Prati pour rattraper la farce du gardien. Même le dernier jour, tu te dis que tu n’es pas à l’abri de te faire une cheville… Donc quand tu arrives à Conca, c’est fort.

Je suis arrivé un peu avant Mathieu car j’ai bourriné sur la descente. Quand il est arrivé, que je l’ai vu avec les yeux mouillés et qu’il m’a pris dans ses bras, je me suis dit qu’on venait de faire un beau truc. Le parcours est sublime mais ça, je crois que tout le monde le dit. Ce que l’on dit moins, c’est le caractère de cette aventure. On rencontre des gens formidables. On se coupe du monde sans technologie mais finalement on s’en rapproche. On parle aux gens, on a de vraies discussions, de vraies émotions. On ne joue pas. On se dévoile. On y laisse un peu de nous et on repart avec un peu de toute cette beauté d’âmes et de paysages.

Arrivée à Conca - Jérémy et Mathieu
Arrivée à Conca – Jérémy et Mathieu

Et puis je retiens les gardiens. Oui ils sont rudes parfois, oui ils peuvent paraître antipathiques au premier regard. Mais j’ai vu des mecs authentiques avec un amour de leur terre, avec une curiosité pour l’autre et un vrai sens de l’accueil. Le gardien de Tighjettu qui attend mon drapeau occitan par la Poste, le gardien de Manganu qui a été d’une gentillesse extrême au moment où on en avait besoin… Le gardien de Petra Piana qui nous a assis à sa table, expliqué ce qu’était le GR, comment il faisait sa charcuterie, et qui nous a offert un café. Le gardien de Onda qui nous a fait des lasagnes au Brocciu dont on se rappellera. Le gardien d’Uscioliu qui nous donne le score de France Argentine à la mi-temps et qui nous propose avec un sourire plein de malice de regarder la 2ème période alors qu’on devait tripler sur cette journée ! Et puis le gardien d’Asinau qui nous a expliqué comment marchait un refuge et qui m’a expliqué comment il réglerait le problème des gilets jaunes en France 😉. Enfin, la jeune fille de I Paliri qui nous a raconté comme elle se tapait des aller-retours en sac à dos pour ravitailler le refuge. Voilà les images qui me viennent tout de suite !

Ton plus gros coup de cœur ?

Mon coup de cœur, ce sont les petits déjeuners face aux levers du soleil. On partait vers 5h tous les jours. On se faisait les deux premières heures d’approche à la frontale et on s’arrêtait pour regarder le soleil se lever.

gr20 au petit matin
Petit matin sur le GR20

J’en ai des frissons rien que d’y repenser. C’est pour cela que j’aime la montagne. Ces moments de silence où on regarde la nature se réveiller. Il y a ce moment où on s’arrête aussi en pleine forêt avant de descendre à Vizzavona et il n’y a pas le moindre bruit. On entend une feuille qui tombe. On se regarde avec beaucoup d’émotion. C’est tellement rare le silence absolu.

Ah ! Et mon deuxième coup de cœur (beaucoup moins poétique) c’est Mathieu qui a envie d’uriner à Asinau dans la nuit. On est dans la tente à 1h du mat, il fait un orage de malade et il flotte des cordes. Il décide donc de faire son affaire dans sa propre réserve d’eau…Le lendemain, il rince ça comme si de rien n’était et c’est reparti… Y’a que lui pour faire ça…

Etape et refuge préféré ?

Vraiment, tout a son charme. Mais mon étape préférée aura été Manganu – Petra Piana en passant par le Lac de Capitellu et l’étape suivante jusque Onda en passant par l’ancien GR sur le chemin des crêtes. Cette journée je l’ai trouvée magique. D’autant que le passage à Petra Piana avec ce Monsieur qui tenait le refuge restera dans les annales. On tente d’appeler nos femmes et il sort en nous interpellant : « Mais arrêtez avec vos femmes ! Vous croyez qu’elles vous attendent ? Laissez-les s’amuser un peu. Vous les faîtes assez chier toute l’année ! ». Ensuite je lui commande à manger et il me dit « Si tu veux, je te le fais livrer à Onda. Ici les mules livrent plus vite qu’Amazon ». Pendant trente minutes, on a eu droit à un florilège de boutades. Puis on a parlé des Pyrénées. C’était un très beau moment avec une très belle personne.

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Ici les mules livrent plus vite qu’Amazon

Un message à passer ?

Ce message j’ai envie de l’adresser à Mathieu. Il n’était pas prêt pour faire cette aventure en 8 jours et j’ai un peu sous-estimé le parcours ou/et surestimé les capacités physiques de mon cher Masta Math. Mais quel courage ! Il s’est battu dans sa tête. Il ne m’a jamais fait le moindre reproche. Un jour, il a jeté ses bâtons en arrivant à Prati. J’ai cru qu’il allait m’arracher la tête. Mais l’instant d’après, il avait le sourire. Alors merci mon pote. Tu m’as permis de réaliser mon rêve et j’ai passé 8 jours que je n’oublierai jamais. Tu as un mental de fou. Et puis, même si je le savais, je l’ai encore plus vu dans l’adversité : tu es une belle personne. On repart quand tu veux.

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Après, j’ai envie de passer un bonjour à Joris et Diane qui ont partagé notre aventure puisqu’on s’est suivi pendant 8 jours. Merci à eux de nous avoir dépanné quand nous avons été à cours de cash et pour les nombreuses discussions, les analyses de la topo dignes de la palette du Canal Football Club et rigolades. On avait un peu l’impression d’être « la famille des 8 jours » !

Un coucou à Frank, jeune globe-trotter de 25 ans qui crapahutait comme un cabri et qui était d’une sympathie rare. Malheureusement il allait trop vite pour nous 😉

Un bonjour aussi à Pierre et Anne-Sophie qui nous ont interpellé en disant « Orifices en quatre lettres qui finit par un T ? Vous savez ? ». Finalement, on a passé une heure à faire des mots fléchés.

Merci aux nanas d’Oloron Sainte Marie qui ont éclairé notre aprèm à Prati en nous faisant découvrir la variante de Uscioliu à Asinau.

Et pour finir, un grand merci à Amandine et sa bande pour nous avoir pris en stop un dimanche aprèm à Ste Lucia de Porto-Vecchio afin de nous amener à Solenzara. Elle nous sauve la vie à ce moment-là car à une demi-heure près, on loupe notre voiture de loc et bye-bye l’avion à Calvi !

En fait, ce sont les Hommes qui font le GR20. Ça me rappelle cette phrase de Jean-Pierre Rives qui disait « Le rugby, c’est l’histoire d’un ballon avec des copains autour. Et quand il n’y a plus de ballon, il reste les copains ». Alors je la modifierais en « Le GR20, c’est un sentier avec des copains dessus. Et quand il n’y a plus le sentier, il reste les copains ».

Un sacré prétexte à recoller à l’humain en résumé.

As-tu eu un objet ou une astuce à partager avec les lecteurs ?

Je pense que beaucoup ont déjà donné pas mal d’astuces pratiques sur le parcours. Je vais me contenter de donner mon secret pour passer les kilomètres sans trop souffrir des pieds. Ce sont quelques « tips » que j’ai appris en ultratrail et qui peuvent s’avérer utiles :

Partez avec des chaussures que vous connaissez par cœur. Munissez-vous de chaussettes de très bonnes qualités (XBionic pour ma part) et changez-les en milieu de journée. Le soir, des tongs pour laisser respirer les pieds et une petite crème spéciale pour éviter les échauffements et irritations liés aux frottements toute la journée.

Je n’ai pas eu la moindre ampoule et mes pieds sont comme neufs après 180 km. Ça peut paraitre bête mais ça fait toute la différence. Sur le parcours, j’ai vu des gens qui avaient les pieds en feu. Déjà que c’est dur… autant se faciliter la tâche.

Mon objet magique est donc : la crème pour les pieds !

D’autres conseils pour les lecteurs qui préparent le GR20 ?

Pour ceux qui veulent le faire en 8 jours ou moins, je pense qu’il est utile d’avoir une marge de manœuvre d’un jour supplémentaire. En effet, nous étions en flux tendu sur notre organisation et nous aurions pu ne pas le finir le jour où nous avons dû nous arrêter à Prati. Il nous restait 5 étapes à faire en deux jours. On peut avoir un coup de moins bien, une météo capricieuse ou une envie de rester plus longtemps sur un lieu.

Et même si vous respectez votre timing, il y a pire que de devoir flâner une journée sur l’ile de beauté !

Après, je le redis : il faut essayer d’alléger son sac au maximum. Sur chaque refuge, on peut laver, étendre le linge, manger, se ravitailler. Surtout quand on est deux, il faut répartir sur les deux sacs. Prendre des petits formats de dentifrices, savons, crème solaire. Chaque gramme compte vraiment !

Refuge de Manganu - passerelle
Refuge de Manganu – passerelle

Si tu envisageais de refaire le GR20, changerais-tu quelque chose ?

Je le referai car nous avons eu trois jours à la fin avec peu de visibilité. J’ai été frustré de ne rien voir entre Prati et Asinau. Je pense que je ferai le décroché par le Monte Cintu aussi que nous avons évité par manque de temps ce jour-là.

Si c’était à refaire je le referais en 8 jours max (mais je tenterais bien en 5-6 jours). Car après il y a trop de temps morts. En 8 jours, cela permet de bien profiter sans avoir à tuer le temps dans les refuges (mais ça c’est très personnel). J’irais avec un sac bien plus léger. Et je prendrais plus de cash car il n’y a vraiment rien pour retirer (même pas à Vizzavona) et personne ne prend la carte bien entendu (même pas à Capannelle où il faut régler en intégralité sur place).

Je ne m’embêterais pas à réserver les refuges. C’est plus une contrainte qu’autre chose car les nuitées ne sont pas interchangeables. Quand on a été contraint de s’arrêter à Prati, nous avons perdu la nuitée à Uscioliu et nous avons payé en plus le couchage à Prati. Il y a toujours une tente de libre. L’important est d’arriver entre 17 et 18h pour ne pas se retrouver sans rien.

Envie de rajouter quelque chose ?

J’ajouterais que le GR20 est vraiment accessible à tous mais qu’il doit être pris au sérieux. Nous avons croisé beaucoup de randonneurs qui « explosaient » après le nord. Beaucoup s’arrêtaient à Vizzavona à cause de blessures ou de fatigue. Le nord est un passage de haute montagne. Il faut s’attendre à avancer à 1 ou 2 km/heure tant le sentier est parfois technique. Passé le nord, il est vrai que c’est plus simple mais cela reste un parcours exigeant. Donc lancez-vous mais pas sans préparation !

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Bocca Crucetta – GR20 nord

Pour finir, merci au à ton blog car il m’a beaucoup aidé pour préparer l’aventure.

Merci beaucoup Jérémy, je suis toujours ravi de savoir que les interviews sont utiles pour ceux et celles qui préparent le GR20 !

Ton interview est pleine de vie et de conseils, je suis sûr que les lecteurs ont passé un très bon moment à te lire ! Par contre, concernant les réservations des refuges, je nuancerai seulement ton conseil (de ne pas réserver à l’avance). L’affluence sur le GR n’est pas identique tous les mois et ni d’une année sur l’autre d’ailleurs, et malheureusement, on ne peut pas vraiment l’anticiper. Alors prendre le risque de ne pas réserver à l’avance et se retrouver dans une période où les refuges sont complets… gloups ☹ Donc à chacun de prendre ses responsabilités sur ce sujet, mais je ne pense pas qu’on puisse conseiller de ne pas réserver à l’avance.

Reviens vite nous faire partager ta prochaine expérience du GR20 ! 5-6 jours sur le GR20, ce sera une nouvelle belle aventure ! A bientôt.

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