Guillaume de Paris – GR20 en 7 jours – juin 2018 + vidéo

Bonjour Guillaume, peux-tu te présenter ?

Salut les sportifs !

Guillaume, 31 ans, cadre parisien dans le marketing pour une boite dans l’IT. Je ne suis pas parisien d’origine, avant d’y être installé, j’ai pas mal crapahuté dans le monde entier. Toujours en moi cette soif de découverte et d’aventure. Et aussi une envie de me surpasser physiquement.

Selfie Guillaume - GR20 - Corse
Selfie Guillaume – GR20 – Corse

J’ai toujours été assez actif sportivement, et depuis 2-3 ans je m’adonne à l’escalade et l’alpinisme, et c’est naturellement que j’ai découvert donc le monde de la montagne. Un monde dans lequel la loi est dictée par la nature, et dans lequel il faut se surpasser physiquement et mentalement, et c’est ça que j’aime ! Je fais également du fitness, car les montagnes ne courent guère aux alentours de la capitale, un moyen donc pour moi de me préparer à mes challenges.

Déjà expérimenté en randonnée en montagne ?

A part quelques séjours au ski aves les parents étant gamin, pas d’expérience quelle qu’elle soit en milieu montagneux. Ma première vraie expérience remonte à il y a 3 ans. Il y a 3 ans maintenant, je me mettais à la course à pied et au trail avec un ami. Nous enchaînions les trails, en commençant par l’éco trail de Paris (18km), puis en allongeant à chaque fois les distances pour finir par un beau petit 45km sur la fameuse Saintéxpress. Afin de sortir un peu de l’univers trail, nous décidons de sauter le pas vers une nouvelle aventure : l’ascension du Mont Blanc. Une vraie expérience d’alpinisme, dure physiquement et mentalement. Surtout dû au fait que nous avons eu des conditions climatiques très compliquées (violentes chutes de neige), qui nous empêcha d’accomplir l’ascension (arrêt au refuge du Goûter à 3.815m). L’ascension dure en soit 2 jours. Elle est précédée d’un stage de 3 jours afin d’apprendre les techniques de cramponnage et de sécurité en haute montagne. Après cet échec, je décidais l’année suivante de retenter l’aventure. Une nouvelle fois couronnée d’un échec, à cause des conditions météo. Cette fois, nous avons décidé de ne pas tenter l’ascension, mais plutôt de nous rabattre sur le beau sommet du Grand Paradis en Italie (4.061m). Et cette année, un nouveau challenge, le légendaire GR20 !

Peux-tu nous conseiller quelques randonnées en région parisienne ?

La région parisienne est assez dépourvue en hauts sommets, niveau altitude et terrains de jeux vallonnés, ce n’est pas ça ! En revanche, nous avons un magnifique et difficile terrain d’entrainement, très couru des trailers et trekkers parisiens : le circuit des 25 bosses. Situé à Noisy-sur-Ecole, dans le massif des Trois Pignons, pas loin de la forêt de Fontainebleau. Le circuit possède un dénivelé positif de 830 m, réparti sur 25 bosses (des monticules de pierre à grimper). Il est accessible en autonomie et peut donc se faire sans être accompagné. Il existe 4 circuits avec des niveaux de difficulté différents : le circuit découverte (5km, 150m D+, 2h30), les belvédères (9 km, 300m D+, 3h15), les 25 bosses (16 km, 830m D+, 6h) et l’ultra tour (25 km, 1 100m D+, 9h).

Quid de ton GR20 : quelle période, quel itinéraire, accompagné ?

Mon GR20, je l’ai fait en juin, du 10 au 16 juin 2018 (un objectif de 7 jours donc). Pourquoi cette période ? Car j’avais tout simplement lu qu’avant cela les refuges étaient fermés et que je souhaitais débuter l’aventure en début de saison pour profiter de sentiers encore peu occupés par les randonneurs (ce qui fut le cas). Aussi, car je me suis dit que les conditions météo à cette période ne devaient pas être trop mauvaises (cela n’a pas forcément été le cas, la montagne est capricieuse !).

Préparation de l'itinéraire du lendemain - GR20
Préparation de l’itinéraire du lendemain – GR20

Nous avons tenté l’aventure à 2 ! Je suis parti avec mon acolyte d’aventure. Il est important à mon sens de bien connaître son compagnon de route, cela permet en effet tout à chacun de se soutenir mentalement dans les moments difficiles (et il y en a eu !). Je pense aussi que partir à deux est un bon choix : pour assurer un minimum de sécurité (si l’un ou l’autre venait à être en difficulté), mais aussi d’avancer rapidement (les chances que quelqu’un se fasse mal au sein d’un groupe plus nombreux sont donc plus fortes, amenuisant donc la probabilité d’atteindre son objectif dans les temps voulus). Nous avons fait le GR20 dans le sens Nord-Sud, tout simplement car nous souhaitions passer le plus difficile en premier. Se dire que le plus dur est derrière est toujours bon pour le mental. Nous sommes donc partis de Calenzana pour arriver à Conca.

Quel était le contexte de vouloir faire le GR20 ? Une préparation spécifique ?

Cela fait maintenant 3 ans qu’avec un pote rencontré sur les bancs de la fac, nous nous lançons un gros challenge chaque année. Nous sommes tous deux assez actifs sportivement, et ces challenges sont devenus un peu la raison pour laquelle on s’entraîne aussi assidument (5 à 6 séances par semaine). Avoir un objectif quel qu’il soit, permet se motiver et faire le nécessaire pour se forger le mental et le physique nécessaire pour l’atteindre. Pas d’élément déclencheur en particulier, mais surtout une profonde envie de se dépasser, de partir à l’aventure. J’ai toujours une pensée pour les personnes invalides, ayant subi un accident ou autre et je me dis que j’ai bien de la chance, alors c’est aussi pour une façon que je vais donner le maximum en “hommage” (si on peut dire ça …) à ceux qui ne peuvent pas (il est prévu d’ajouter la dimension caritative sur un prochain challenge).

Passage chaine - Guillaume et son ami
Passage chaine – Guillaume et son ami

Niveau préparation, difficile de s’entraîner sur terrain accidenté en région parisienne, donc essentiellement fitness pour ma part, fitness et crossfit pour mon acolyte. Et croyez-moi, pour se préparer les cuissots, rien de tel que squats, leg press, soulevé de terre, fentes… tous les muscles y passent. On ne parle pas de renforcement musculaire là, il s’agit vraiment de prendre en muscle et force pure (cela remplace donc largement la marche avec sac à dos). J’ai renforcé l’intensité des séances environ 6 mois avant l’aventure, en augmentant les charges et rallongeant les durées de séance. Le résultat était là 🙂

Quel type de matériel avais-tu emporté ?

Côté sac et matériel, un objectif : le minimum syndical. Mes stages d’alpinisme m’ont appris à réduire au strict minimum les affaires à emporter. Nous sommes partis sur un objectif de 10kg maximum, eau comprise. Je tiens à souligner que nous ne sommes pas partis en autonomie complète, nous dormions et mangions en refuge, donc ça réduit déjà pas mal la partie matériel et nourriture à prévoir (dons pas de tente, réchaud, etc.).

Nous avions chacun un sac d’alpinisme, pas de randonnée classique (j’avais un Lowe Alpine de 32L). Ces derniers sont assez pratiques et biens pensés pour accrocher bâtons, gourde, et éventuellement crampons. J’avais pour ma part une poche à eau de 2L en mode CamelBak, c’est le strict minimum.

Niveau chaussures, je suis parti sur des Merrell montantes (160 euros). Tout le monde dit, ne jamais commencer une course ou autre avec des chaussures neuves… well, pas trop eu le choix (faute de sorties sympas dans la région parisienne), du coup c’est avec des chaussures neuves que je débutais le GR20. Et aucun souci, bon grip en montées, bonne résistance sur rochers, imperméabilité ok. Je les ai tout de même jetées en arrivant à Conca. Je conseillerai donc plutôt des chaussures montantes pour avoir un bon maintien de la cheville, n’oubliez pas le terrain est très très accidenté 😉

environnement-rocheux-gr20
Environnement rocheux 😉

Niveau vêtements, prévoir une tenue super légère pour la journée et par temps chaud, une veste GoreTex pour débuter le matin à la fraîche ou en cas de pluie et ou vent, puis une tenue un peu plus chaude (polaire, laine technique manches longues) pour les temps de repos et les soirs en altitude. Il peut vite faire frisquet une fois que le corps n’est plus dans l’effort.

Pause snack - Guillaume
Pause snack – Guillaume

Côté bouffe, les repas matins, midi et soirs (quand on n’arrivait pas trop tard) en refuges. Côté snack la journée, on s’approvisionnait dans les épiceries de refuges, et je vous avouerai que je n’ai jamais autant avalé de compotes en si peu de temps, ahah 😉

Encore des névés en cette mi-juin ?

A notre grand plaisir oui ! Sur l’ascension vers le Monte Cinto (entre Ascu Stagnu et Tighettu) puis entre Manganu et Petra Piana. Au refuge de Calenzana, la veille du départ, on a rencontré 3 traillers qui venaient de le finir dans le sens sud-nord, ils nous avertirent alors sur l’enneigement de certains tronçons. On leur a donc acheté deux paires de crampons, qui s’avéraient finalement bien utiles sur ces 2 passages, un gain de sécurité non négligeable, bien que faisable sans crampons (mais au ralenti). Il faut bien penser aussi qu’en montagne le temps peut changer du tout au tout en quelques minutes. Avoir le bon matériel permet donc de ne pas se mettre en danger, et de pouvoir continuer son avancée (tant bien que mal des fois) plutôt que de devoir stopper dans des conditions qui peuvent vite devenir infernales si l’accalmie ne vient pas.

Névés en Corse - mi juin - GR20
Névés en Corse – mi juin – GR20

Le passage enneigé entre Ascu Stagnu et Tighettu s’est fait sans complication, temps clair et dégagé, un peu de vent, effort physique pénible. Le passage entre Manganu et Petra Piana fut plus compliqué. Un départ du refuge qui s’est fait en début d’après-midi (à mon souvenir 14h), pour un parcours estimé d’une durée de 6h30, nous mettant dès le départ la pression sur le fait qu’il était déjà assez tard pour débuter une étape. Les randonneurs qui nous avaient suivi sur l’étape précédente achevaient leur parcours à Manganu. Le temps au loin était mitigé et les randonneurs qui en revenaient nous alertaient sur les passages enneigés et les conditions au passage du col, et sur le fait que le balisage était des fois peu évident (il fallait suivre les traces dans la neige). Nous partions donc peu confiants, mais partions tout de même 😉 Grosse complication dans la descente finale vers Petra Piana : aucune visibilité et nous perdîmes les traces. On a, je pense, du tourner en rond pendant environ 30 min, dans le froid, dans le vent, tous seuls, avant de se rendre compte qu’il fallait traverser un bosquet sur une trentaine de mettre avant de retrouver des traces. Un peu de peur, pas de mal !

Tes impressions positives ?

Le GR20 est sur l’île de beauté et est connu pour ses paysages à couper le souffle. Hé bien je vous le confirme amis sportifs, allez sillonner les cols du GR et vous serez servi. Mais ce qui fait que ce parcours est encore plus beau, c’est son authenticité, tout est laissé à l’état sauvage, on a vraiment l’impression d’être au milieu de nul part, un sentiment d’immensité et de liberté. Pour en profiter pleinement, n’hésitez pas à vous lever très tôt et à partir avant le lever du jour, vous serez seul au monde, plénitude absolue !

Lever du soleil - GR20
Lever du soleil – GR20

Une ambiance de franche camaraderie et de solidarité règne sur le GR20. On n’hésite pas à venir en aide à ceux en difficulté, on retrouve souvent les mêmes personnes sur les étapes, on en croise de nouvelles, et une seule chose nous unit et nous rassemble, l’étape qui suit. On se demande tous à quel point on va en chier le lendemain et chacun prie pour que la météo soit clémente !

Des impressions négatives ?

Pas d’impression négative à proprement parlé mais plutôt un constat : le GR20 est difficile. D’autant plus quand on le fait en 7 jours, ce qui implique de doubler voire tripler les étapes. Résultats des courses : j’ai eu des douleurs aux genoux plus d’un mois après l’avoir terminé.

Passage en foret - Corse
Passage en foret – Corse

Ton plus gros coup de cœur ?

Il n’y a, je pense, pas une chose préférée me concernant. Le GR20 pour moi c’est un tout qui fait que cela devient une expérience hors du commun. Ce sont pleins de choses qui font que c’est une expérience de vie. A commencer par les paysages bien entendu, la dureté du parcours qui fait qu’on se souviendra longtemps à quel point on en a chié, mais aussi à quel point la récompense au bout était gratifiante.

Mon petit moment favori en revanche c’est la pause-café du matin à mi-parcours (en fin de première étape, car nous en faisions 2 minimum par jour), seuls à contempler la montagne (nous étions souvent seuls, car ceux ayant dormi au refuge étaient déjà parti, et ceux ayant dormi sur celui de l’étape précédente, pas encore arrivés).

Pausé méritée - GR20
Pausé méritée – GR20

Ah si, petit coup de cœur pour ce moment passé à la Casa Alta (http://www.casa-alta.fr/fr/), une chambre d’hôte au combien accueillante à Vizzavona, dans laquelle nous avons passé la nuit (dans un vrai lit, une douche chaude…), partagé un dîner requinquant avec des hôtes d’exception. De quoi motiver le moral des troupes avant d’entamer la seconde moitié du GR20.

Ton étape et ton refuge préférés ?

Mon étape préférée fut clairement celle entre Ciottulu di i Mori et Manganu. Tout simplement pour son magnifique Lac de Nino avec ses caractéristiques pozzines et chevaux sauvages. Un spectacle naturel à couper le souffle, un cadre qui respire la tranquillité, la liberté. En plus de cela, c’est plat !

Pour moi, mon refuge préféré fut le refuge de Tighjettu. Pourquoi ? Car ils y servent le meilleur plat de pâtes de tout le GR (sauce maison à la Tighjettu), et en quantité en plus, on n’a même pas pu finir ! Et oui la bouffe sur le GR : c’est sacré !

Un message à passer ?

Bien joué à Quentin et Thomas, deux randonneurs que l’on a rencontré sur le GR20 avec mon pote. Ces deux énergumènes, la vingtaine fraîchement passée, sont partie en totale autonomie (tente, bouffe..). Ils ont décidé de le faire en 8 jours, et ils l’ont fait ! Mais croyez-moi, on se demande encore comment ! Ils partaient avant nous ou continuaient après, ils avançaient lentement mais sûrement, ils n’hésitaient pas même à continuer le soir à la frontale pour avancer tant qu’ils avaient des forces. Ils ont affronté les pires conditions (intérieur de la tente mouillée à cause de la pluie, vêtements trempés, un d’eux a même perdu sa veste coupe-vent imperméable…). Arrivés à Conca, on ne pensait vraiment pas qu’ils arriveraient. Mais à 22h, au refuge de Conca, qui voit-on arriver ? Ces deux jeunes randonneurs, l’air exténué, au bout de leur vie. Chapeau les gars !

Un conseil à partager pour ceux qui préparent le GR20 ?

Train, train, train ! Ne lésinez pas sur l’entraînement physique (en mental d’une certaine façon). Soyez dur avec vous-même, faites-vous violence sur vos entraînements, sortez de votre zone de confort, c’est que comme cela qu’on progresse.

Il faut bien entendu préparer ses jambes, mais ne pas oublier le haut du corps (dos, épaules, bras, abdos), pour une bonne stabilité et force (n’oubliez pas qu’il faut se coltiner un sac de 10kg sur des passages des fois assez verticaux). J’ai pour ma part essentiellement fait du fitness en préparation. Mais le vélo, couplé à de la course, trail avec dénivelé, un peu d’escalade pour le haut du corps et la force pure des bras sont aussi une bonne option.

Autre conseil : partez avec le bon matériel. N’hésitez pas des fois à mettre un peu plus cher. Si c’est plus cher, il y a forcément une raison, la qualité est là. Vous ne le regretterez pas une fois en haut à 2.000m sous des conditions de merde 😉 (Le plus important selon moi niveau investissement : le sac, les chaussures, et la veste).

Dans le brouillard - Corse
Dans le brouillard – Corse

Si tu envisageais de refaire le GR20, changerais-tu quelque chose ?

En toute honnêteté, je ne pense pas que je le referai. Pas qu’il ne soit pas magnifique, ça il l’est, mais plutôt que la vie est courte et je préfère me concentrer sur de nouvelles aventures, aller découvrir de nouveaux horizons. Le monde est rempli de beautés naturelles, charge à nous d’aller les explorer. Le Népal ou le Chili maybe 😉

Envie de rajouter quelque chose ?

A tous les amoureux de la nature, ne cherchez plus, chaussez vos godasses et allez en Corse !

Pour le plaisir de tous, Guillaume nous partage sa vidéo du GR20 :

Un grand merci Guillaume !

Tu as raison, la vie est courte et une seule vie n’est pas suffisante pour parcourir tous les recoins de notre planète ! On te souhaite de nombreux nouveaux challenges, tous plus beaux les uns des autres !

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