Laura Holl étudiante en médecine – GR20 en semi-autonomie

Bonjour Laura, peux-tu te présenter stp ?

Bonjour, je m’appelle Laura Holl, j’ai 22 ans depuis peu. Je suis parisienne de naissance mais j’ai passé de nombreuses vacances et la fin de ma scolarité en Alsace, c’est donc dans les vallées des Vosges que j’ai appris à aimer les randonnées et la montagne.

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Aujourd’hui étudiante en médecine en 3ème année à Strasbourg, c’est un peu ma porte de sortie et mon moyen de tenir le coup. J’aimerais beaucoup allier montagne et pratique médicale plus tard, où au moins exercer dans les Alpes qui me font de plus en plus rêver. Je fais aussi de l’escalade, de la course à pied, du parapente, du ski… En bref j’aime tous les sports, en particulier ceux qui font prendre de la hauteur.

Donc déjà expérimentée en randonnée ?

Je suis adepte des longues marches mais le GR20 fut ma première Grande Randonnée. J’ai déjà fait quelques portions du GR5 qui traverse les Vosges mais je dors rarement en refuge (même s’il y en a de supers dans notre région).

Un peu par manque de temps, je fais donc habituellement des tours d’une journée, dans la vallée de Thann, Masevaux, Munster accompagnée de mon chien. Ce sont souvent des randonnées de 2h à 6h maximum, qui ne sont pas d’une grande difficulté et surtout avec peu de dénivelé.

Peux-tu nous conseiller quelques randonnées en Alsace ?

Je recommande aux touristes qui souhaitent découvrir l’Alsace de ne pas hésiter à s’éloigner des villes pour découvrir nos montagnes et nos lacs.

Celui que je préfère reste peut-être le lac des perches, dans le Haut-Rhin. Je recommande le tour – Rimbach-près-Masevaux, Lac des Perches, Col des Perches, Rouge Gazon, Têtes des Perches, Haute Bers – qui prend une bonne journée et qui peut atteindre les 800m de dénivelés cumulés.

Quid de ton GR20 : à quelle période, quel itinéraire ?

J’ai fait le GR20 en duo en août 2018 dans le sens Nord-Sud de Calenzana à Bocca di Verde.

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Quel était le contexte de vouloir faire le GR20 ? Une préparation spécifique ?

Notre binôme voulait passer des vacances ensemble loin de l’agitation des villes touristiques. Mais l’idée a réellement émergé dans notre esprit après avoir entendu le récit d’amis qu’ils l’ont fait l’été précédent. C’est vers janvier-février 2018 que la décision fut prise et que nous avons commencé sérieusement à y réfléchir. Contraints par les stages et les jobs d’été, nous n’avions pas vraiment le choix de la période et malgré les avertissements de certains, nous nous sommes donc bloqués les premières semaines d’août.

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Pour me préparer, j’ai essayé de rallonger les randonnées et de faire plus de sport en général, mais j’ai surtout pu travailler 1 mois et demi dans les vignes à côté de chez moi. Ces vignes sont connues pour être parmi les plus pentues d’Europe, c’était donc un réel crash-test, surtout lorsqu’il s’agissait de se lever à 5h pour aller travailler ou de tenir le rythme sous un soleil de plomb. Ce travail au Rangen, comme il est appelé, m’a également permis de financer le voyage et le matériel dont j’avais besoin.

Quel équipement avais-tu emporté ?

Nous avons choisi de partir en semi-autonomie : d’emmener nos petits déjeuners (muesli fait maison), quelques repas lyophilisés (1 repas sur 3), quelques barres énergétiques (2 par jours) et de dormir en tente. Cela fût, à mon avis, la bonne formule pour ne pas porter trop lourd, ne pas trop dépendre des refuges et ne pas trop dépenser sur place. Le reste des repas venait des épiceries des refuges ou des fermes croisées en chemin (il n’y a quand même rien de mieux que de bonnes pâtes, du bon saucisson et du fromage corse de temps en temps !).

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Concernant le matériel technique, mon compagnon portait une tente 2 places de 1,6 kg (Naturehike, peu chère et qui a très bien fait l’affaire), un réchaud et une popotte. Pour le reste, chacun portait ses affaires personnelles, j’avais un CamelBak de 3L (que je remplissais en général de 2L finalement), un matelas (Décathlon Forclaz Air Short idéal rapport prix-poids-efficacité), un pantalon-short + un short, deux t-shirts, une doudoune légère, tong, gilet etc.

Le tout rentrait dans un sac acheté pour l’occasion, un 35+5L Salewa, modèle femme, que je recommande vivement.

Encore des névés ?

Nous avons rencontré quelques névés mais on ne peut pas vraiment parler de neige sur le parcours !

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Tes impressions positives ?

J’ai été agréablement surprise par les chemins que nous avons empruntés, qui relèvent parfois plus de l’escalade que de la randonnée. J’ai également été très étonnée par les nombreux cours d’eau et piscines naturelles que nous avons croisées et qui ont fait notre plus grand bonheur après une montée difficile. Le sentier était très bien indiqué dans l’ensemble, relativement propre et préservé et finalement peu fréquenté pour un mois d’août, contrairement à ce que nous avions pu entendre.

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Il faut aussi parler des supers rencontres que nous avons faits au fil de jours. Des jeunes de notre génération mais aussi des familles aux jeunes enfants et des sportifs de tout âge qui ont tous été très accueillants et bienveillants avec nous. Souvenirs des apéros à la Pietra, des dons de confiture pour égayer notre muesli et en particulier de notre “papa” de l’aventure, Jurassien, qui finissait toujours avant nous les étapes et prenait soin de nous préparer une place ou des blagues à l’arrivée.

Finalement, la beauté de la nature et l’ambiance générale poussent à un dépassement de soi au niveau physique et morale. Loin de la monotonie, aucun passage et refuge ne se ressemble, ce qui a rendu le périple palpitant.

Du négatif ?

Le gros point négatif que nous avons dû affronter en août est la météo capricieuse. Il a été de plus en plus difficile de finir les étapes à cause des orages qui survenaient toujours plus tôt dans l’après-midi et empêchaient la traversée des crêtes (nous avons même dû affronter des grêlons au Lac de Nino !).

Sinon, nous avons été déçus par certains refuges (et certains gardiens) en particulier dans le Sud ou il n’y avait parfois pas de comparaison possible avec la partie Nord. Enfin, plus nous progressions, plus nous croisions du monde et l’agitation des touristes venus pour l’été enlevait parfois un peu de charme au sentier.

Ton plus gros coup de cœur ?

Mon plus gros coup de cœur reste, sans aucun doute, les paysages. En particulier ceux de la partie Nord, réputée plus difficile mais qui est pour moi la plus magnifique.

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L’île de beauté porte bien son nom et, en l’occurrence, le Nord a le charme d’être encore une beauté à l’état brut. Je n’étais jamais allée en Corse et je ne m’imaginais pas voir de tels pics à quelques km des cartes postales que l’on connaît.

Ton étape et ton refuge préféré ?

Le choix est difficile mais c’est peut-être l’étape 2 de Orto di u Piubbu à Carozzu que j’ai préférée. Déjà car ce fut le premier réveil en altitude. A Orto di u Piubbi nous avions mis notre tente loin des autres, en flanc de montagne, pour pouvoir profiter de la vue (et quelle vue !).

Aussi, ce fut finalement le premier jour où nous sommes vraiment tombés bouche bée devant la chaîne de montagnes. Le paysage était déjà magnifique lors de la première étape, avec la mer en arrière-plan mais la magie a vraiment commencé à opérer à partir du sommet Bocca di Pisciaghja et son incroyable panorama.

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Par la suite, si je devais choisir un refuge préféré cela serait celui de Tighjettu, dont l’architecture, l’ambiance et le cadre sont vraiment uniques.

Un message à passer ?

Un petit message à mon co-équipier d’aventure, qui va peut-être découvrir mon interview sur Instragram :

J’aurais aimé que ce ne soit que le début d’une longue série de grandes randonnées avec toi et si j’avais pu, je serais restée bien plus longtemps dans ces montagnes à tes côtés. C’est grâce à toi que j’ai pu relever ce défi incroyable, cela restera un tournant dans ma vie, mon premier GR ! Merci de m’avoir permis d’approfondir cette passion qui aujourd’hui donne un sens à ma vie.

Dans tous les cas, je vais continuer à grimper, randonner et voyager pour retrouver les sentiments de liberté, de dépassement et d’apaisement qu’on a pu éprouver pendant ce GR20.

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As-tu eu une astuce que tu pourrais partager ?

L’astuce secrète que je veux bien partager c’est qu’il est possible de s’envoyer un colis à mi-étape ! Grâce au témoignage de supers copains, nous avions entendu parler du camping du soleil, à Vizzanova qui fait la navette jusqu’au point de départ du GR et d’excellentes pizzas.

Nous les avons contactés courant mai pour savoir s’il serait possible de leur envoyer un colis de nourriture et de le garder de côté jusqu’à notre passage, ce qu’ils firent sans aucun problème. Nous avons donc récupéré des repas lyophilisés, barres et muesli pour le petit déjeuner à mi-parcours, après un bon repas, une bonne douche chaude et une bonne nuit là-bas.

D’autres conseils pour ceux qui préparent le GR20 ?

Indispensable : prenez des bâtons ! À moins que vous le fassiez en courant, c’est un vrai plus pour aller plus vite en montée et amortir la descente (attention les genoux…).

Sinon, je vous conseille d’emmener des tongs pour pouvoir changer de chaussures le soir et des habits chauds même en haute saison (et oui je ne regrette pas d’avoir pris ma doudoune légère).

Si tu envisageais de le refaire, changerais-tu quelque chose ?

Finalement peu de choses seraient à changer d’après moi. Aucun regret d’avoir dormi en tente et d’avoir été en semi-autonomie. La chaleur d’août était également assez supportable et ont rendu les baignades dans les points d’eau et les douches gelées des refuges beaucoup plus agréables. Cependant si c’était à refaire, je choisirais peut-être d’autres dates pour essayer d’éviter les orages que nous avons dû affronter tous les jours à partir de la première semaine et qui ont contribué au fait que nous arrêtions plus tôt.

Envie de rajouter quelque chose ?

Si je pouvais donner un dernier conseil, essayez de ne pas être pris par le temps pour faire votre GR20, quelques jours de rab sont toujours rassurants. Ce serait dommage d’être obligé de doubler des étapes si cela ne reste pas un plaisir. Se laisser le temps de parler avec les marcheurs, les gardiens, et faire des pauses dans les lieux mythiques me paraissent aussi importants que de réaliser la distance et tout cela contribue à rendre cette expérience inoubliable.

Merci beaucoup Laura pour ton retour d’expérience et ce dernier conseil ! Le TEMPS : on court après tous les jours dans notre vie quotidienne et le GR20 est souvent une vraie raison de vouloir vivre une expérience différente de la vie quotidienne, alors le TEMPS doit être pris en considération et le PRENDRE est le meilleur des conseils !

Très bon avertissement également au sujet de la météo, et effectivement, août n’est pas le mois le plus chargé sur le GR20 généralement. A bon entendeurs … Merci Laura ! 😉

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